«La fin ne justifie pas n’importe quel moyen», selon le philosophe Ramin Jahanbegloo, qui a effectué de nombreux travaux sur les sources philosophiques de la non-violence et sur la pensée gandhienne. Professeur de Science politique à l’Université de Toronto, il animait, dans la soirée de mercredi dernier à l’Alliance française, une conférence portant sur la culture de la non-violence et son application dans nos sociétés.
Au vu du nombre d’injustices et d’actes violents de par le monde, nombreux sont ceux qui imaginent les adeptes de la non-violence comme des utopistes. Ramin Jahanbegloo, probablement habitué à toute sorte de critiques concernant l’efficacité ou l’utilité de la non-violence, semble en être conscient et cherche à démontrer la pertinence de cette idéologie.
Le fait que l’humanité ait «toujours été meurtrie, blessée par la violence», est le premier constat du philosophe. Il admet que, par rapport à ces faits, «la non-violence peut paraître inaccessible», mais apporte immédiatement un deuxième constat: «l’humain n’a pas uniquement subit et exercé la violence, il y a eu des moments de prise de conscience de la violence où l’on a essayé d’aller au-delà et où l’on a compris qu’il fallait s’y opposer». «Ce n’est donc pas une idée nouvelle» continue-t-il.
Un «non» de résistance
Si l’idée n’est pas nouvelle, le terme «non-violence» «est un terme très récent que l’on doit à Gandhi, inspiré du bouddhisme, de l’hindouisme et du jaïnisme», nous apprend le conférencier. Il provient du terme sanskrit ahimsâ, un concept religieux présent dans ces trois religions, mais beaucoup plus fort chez les jaïnistes.
Discutant de la signification de ce terme, il insiste sur le fait que le «non» est un «non» de résistance, un «non» actif, balayant l’argument de ceux qui considèrent la non-violence comme une forme d’inaction. «Ce n’est pas uniquement une forme passive d’abstention, c’est aussi une forme active de lutte politique» rappelle-t-il à l’auditoire.