On croyait à tort que l’Afrique détenait le monopole de certaines pratiques politiques honteuses. Le récent ralliement du chef de file de l’opposition du Burkina, Gilbert-Noel Ouédraogo, à «la mouvance présidentielle» et sa nomination comme ministre des Transports a fait tomber toutes les illusions de ceux et celles qui croyaient encore que la démocratie fonctionnait au pays des gens intègres.
Ce marchandage politique qui a permis au parti de l’éléphant (Alliance pour la Démocratie et la Fédération – Rassemblement Démocratique Africain: ADF-RDA) d’obtenir deux postes ministériels a fini de dissuader les thuriféraires de la démocratie bien installée ou en marche (c’est selon) au Burkina.
Mais si cela peut consoler les Burkinabés et partant, toute l’Afrique où perdurent de telles pratiques indignes, le Canada vient de leur voler la vedette. En effet, lors des dernières élections fédérales du 23 janvier 2006, un député libéral, David Emerson, élu sous la bannière du Parti libéral, a fait défection au lendemain des résultats et rejoint les rangs du Parti conservateur.
Eh oui! Le nomadisme politique n’est plus la propriété exclusive des pays africains! M. Emerson vient de donner la preuve que cela peut aussi arriver dans les démocraties les plus rodées et les plus huilées comme la démocratie canadienne.
C’est une onde de choc véritable qui a pris par surprise les électeurs libéraux et le caucus libéral à l’annonce de cette nouvelle incroyable. Outrés et très en colère, les électeurs libéraux de Vancouver qui ont voté pour M. Emerson lui réclament le remboursement intégral des frais engagés dans sa campagne, soit plus de 97 000$.