Noël et ses lumières

Partagez
Tweetez
Envoyez

Publié 21/12/2009 par Gabriel Racle

En 1896, à Westmount, au Québec, un arbre de Noël est décoré avec une guirlande de petites ampoules électriques. C’est alors une première au Canada, que de grands magasins ne tardent pas à imiter. Dès 1900, on en trouve qui, pour allécher le chaland, illuminent des arbres. Et avec la diffusion de l’électricité, les arbres de Noël illuminés décorent de plus en plus de maisons, pour finalement s’implanter devant celles-ci, dans les rues, sur les places et des édifices.

En fait, l’association entre Noël et la lumière est des plus anciennes et remonte au choix fait en 354 par le pape Libère, qui désigne officiellement le 25 décembre comme fête de la naissance du Christ, devenue Noël en français vers 1112, mot dérivé du latin natalis (dies), «le jour de la naissance».

Cette date avait été choisie pour concurrencer les fêtes du solstice d’hiver, marquant le retour de la lumière, et notamment le culte de Mithra, dont on célébrait le 25 décembre la fête du Sol Invictus, correspondant à la naissance de ce dieu solaire (Dies Natalis Solis Invicti, jour de naissance du soleil invaincu), qui surgissait d’une grotte comme un nouveau-né. (Voir L’Express du 20 décembre 2005, «Sous le soleil de Mithra».)

Le retour du soleil, source de lumière et de chaleur, et donc de renaissance de la vie, a donné lieu à des célébrations depuis des temps immémoriaux chez les peuples indo-européens, avec notamment des feux de joie, à l’origine de la bûche de Noël (L’Express, 23 décembre 2008, «Une bonne bûche»), des lanternes ou de cierges allumés toute la nuit, dans certaines traditions chrétiennes.

L’arbre illuminé

Au XVIe siècle, l’arbre de Noël fait son apparition, peut-être dès 1510 à Riga, en Lettonie, d’après certains documents, et de manière attestée en Alsace (1521,) et gagne en popularité.

Publicité

Avec la présence de l’arbre dans les maisons, se prend l’habitude de l’illuminer comme le permet l’époque: des coquilles de noix remplies d’huile sur laquelle flottait une petite mèche, à la manière des anciennes lampes romaines, puis de petites bougies ou chandelles, souvent au nombre de 12, une pour chaque mois de l’année, fixées au bout des branches (épingles, cire, fil).

En 1841, Albert de Saxe-Cobourg, époux de la reine Victoria, d’origine allemande, fait dresser un arbre de Noël orné de petites bougies au château de Windsor et découvrir cette tradition répandue en Europe de l’Est à l’Angleterre.

Mais l’utilisation de bougies allumées ne va pas sans risque d’incendie, même si à partir de 1890 on utilise de petits bougeoirs munis de pinces.

La fée électricité

L’arrivée de l’électricité est donc la bienvenue, d’autant que la tradition de l’arbre de Noël s’est répandue en Amérique du Nord avec des immigrants.

C’est à Edward H. Johnson, associé de Thomas Edison, que l’on doit le premier arbre de Noël illuminé par des ampoules électriques.

Publicité

Il avait fabriqué une guirlande de 80 ampoules de diverses couleurs, dont il a orné le sapin de sa maison le 22 décembre 1882. Son arbre visible à travers sa fenêtre a attiré de nombreux passants devant sa demeure de la 5e Avenue de New York, d’autant que l’arbre était placé sur une plaque rotative et que les ampoules clignotaient.

La guirlande électrique allait connaître un beau succès. En 1895, l’arbre de Noël de la Maison-Blanche se paraît d’une guirlande d’ampoules électriques.

Et de l’intérieur des maisons, les guirlandes passent à l’extérieur. Boston est peut-être la première ville nord-américaine qui en décore ses places publiques en 1912. Depuis, on en trouve partout.

Lumières de Noël au Canada

En 1985, la Commission de la capitale nationale (CCN) lance le programme Lumières de Noël au Canada, dans le but d’encourager l’illumination du pays par des milliers d’ampoules électriques multicolores pendant la période des fêtes de fin d’année. Le programme débute avec la cérémonie d’illumination sur la colline du Parlement à Ottawa.

Plus de 300 000 lumières de Noël illumineront la capitale du Canada du 12 décembre 2009 au 7 janvier 2010, dont 200 000 lumières DEL. L’utilisation de diodes électroluminescentes, appelées DEL (ou LED en anglais), répond au souci d’économiser l’énergie.

Publicité

Elles ont une faible consommation électrique (quelques dizaines de milliwatts). De plus, leur durée de vie est beaucoup plus longue que celle d’une lampe à incandescence ou fluorescente.

Une autre solution écologique consiste à utiliser des «guirlandes solaires», munies d’un panneau solaire photovoltaïque. On le place dans un endroit ensoleillé et il recharge la guirlande au cours de la journée, qui s’illumine à la brunante et peut briller de 5 à 12 heures, selon le modèle.

D’une manière ou de l’autre, c’est toujours le solstice d’hiver et le retour de la lumière que ces lumières évoquent, une tradition très ancienne dont la forme change au fil des ans, mais qui perdure.

Auteur

  • Gabriel Racle

    Trente années de collaboration avec L'Express. Spécialisé en communication, psychocommunication, suggestologie, suggestopédie, rythmes biologiques, littérature française et domaine artistique. Auteur de très nombreux articles et d'une vingtaine de livres dont le dernier, «Des héros et leurs épopées», date de décembre 2015.

Partagez
Tweetez
Envoyez
Publicité

Pour la meilleur expérience sur ce site, veuillez activer Javascript dans votre navigateur