Neuf pays élimineront l’hépatite C d’ici 2030… Pourquoi pas le Canada?

VIH
Le 28 juillet est la Journée mondiale contre l'hépatite.
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Publié 27/07/2018 par Laurie Edmiston

Lors d’une journée vouée à la sensibilisation à propos d’une maladie, il est rare qu’on ait des nouvelles réjouissantes à partager. En particulier lorsqu’il s’agit d’une infection virale comme l’hépatite C, une tueuse silencieuse qui cause des dommages graves au foie et qui affecte plus de 220 000 Canadiens.

Mais cette année, en cette Journée mondiale contre l’hépatite (28 juillet), nous avons des raisons d’être optimistes.

De nouveaux traitements permettent de guérir l’hépatite C chez la plupart des personnes, avec peu d’effets secondaires.

Un tel progrès contre un virus découvert il y a à peine 30 ans, c’est formidable. C’est une telle percée médicale que 82 pays ont adopté des plans pour éliminer l’hépatite C – et neuf d’entre eux sont en voie d’éradiquer cette infection d’ici 2030.

Alors, pourquoi le Canada n’en fait-il pas partie?

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Pas de symptômes immédiats

Le Canada est doté d’un excellent système public de soins de santé; de plus, les négociations des gouvernements provinciaux, l’an dernier, ont fait chuter les prix des nouveaux médicaments contre l’hépatite C.

Aux quatre coins du pays, les régimes publics d’assurance maladie abandonnent des critères qui limitaient l’admissibilité à la couverture de ces médicaments – et l’accès au traitement de l’hépatite C connaît une amélioration marquée d’un océan à l’autre.

Mais il y a un problème: près de la moitié des Canadiens vivant avec l’hépatite C n’obtiendront pas ces nouveaux traitements puisqu’ils ne sont pas au courant de leur infection.

Une personne peut vivre avec l’hépatite C pendant 20 ou 30 ans sans aucun symptôme, et ne découvrir qu’elle a cette infection qu’après des dommages considérables à son foie. Dans l’intervalle, il se peut qu’elle transmette le virus à d’autres personnes sans le savoir.

Dépistage

La seule façon de savoir si l’on a l’hépatite C, c’est de se faire dépister. Or, jusqu’à tout récemment, les lignes directrices sur le dépistage se concentraient sur les personnes qui sont à risque élevé dans leur situation actuelle, omettant le grand nombre de Canadiens pouvant avoir été exposés à l’hépatite C beaucoup plus tôt dans leur vie.

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Cette exposition a pu se produire par inadvertance, ou être oubliée depuis de nombreuses années; ou un fournisseur de soins de santé peut tenir pour acquis que son patient n’a jamais été à risque.

Mais cette année, d’éminents spécialistes canadiens de l’hépatite C ont publié de nouvelles lignes directrices sur le dépistage qui recommandent d’offrir un dépistage de l’hépatite C à tous les Canadiens nés entre 1945 et 1975, de même qu’aux immigrants et nouveaux arrivants de pays ayant un taux élevé d’hépatite C, aux personnes qui s’injectent des drogues et aux personnes vivant avec le VIH.

Ces lignes directrices sont basées sur des données épidémiologiques qui démontrent une prévalence plus élevée de l’hépatite C parmi la génération des baby-boomers, au Canada, y compris chez des personnes qui ne font pas partie de groupes que l’on considérerait être à risque élevé.

Moins stigmatisant

Cette nouvelle approche au dépistage de l’hépatite C aidera les médecins et autres fournisseurs de soins de santé à accroître la portée de leurs efforts et à diagnostiquer de nombreuses personnes qui vivent avec cette infection depuis longtemps.

De plus, l’ajout de critères relatifs à l’âge rendra plus facile et moins stigmatisant, pour les Canadiens, de demander à leur médecin un dépistage de l’hépatite C.

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Le Canada est bien placé pour éliminer l’hépatite C. Il a un régime public de soins de santé qui est fort et équitable. Nos programmes novateurs en matière de réduction des méfaits sont des modèles dans le monde. Nos gouvernements ont coopéré afin de négocier une baisse des prix des médicaments pour l’hépatite C aux niveaux qu’ils ont les moyens de payer.

Optimisme

Et nous avons maintenant des lignes directrices sur le dépistage qui sont fondées sur des données probantes, pour nous aider à diagnostiquer les 44% de Canadiens atteints d’hépatite C qui ne sont pas au courant de leur infection.

Le mois dernier, j’ai participé à une consultation nationale concernant une ébauche de plan d’action national pour éliminer l’hépatite C. L’optimisme était palpable dans la salle. À mesure que les gens du Réseau canadien sur l’hépatite C présentaient le cadre conceptuel de ce plan provisoire, il devenait de plus en plus évident que cet objectif est réalisable.

Les piliers sont posés. L’ébauche du plan a été développée. Des pays, dans diverses régions du monde, démontrent qu’on peut y arriver. Tout ce dont nous avons maintenant besoin est la volonté politique et les ressources pour mettre en œuvre un plan d’action pour éliminer l’hépatite C.

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Laurie Edmiston est directrice générale de CATIE, la source canadienne de renseignements sur le VIH et l’hépatite C.

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