Lorsqu’on examine le parcours de Philippe Landry, on se demande comment cet homme a pu devenir un des plus grands patriotes que l’Ontario français ait connus. Rien ne désignait ce Québécois à jouer un rôle de premier plan sur la scène franco-ontarienne. Pourtant, il a posé un geste retentissant et a rempli avec brio les fonctions de chef de file dans la période la plus sombre de la lutte contre le Règlement 17.
Né à Québec le 15 janvier 1846, élu tour à tour député conservateur de Montmagny à l’Assemblée nationale (1875-1876) et à la Chambre des communes (1878-1887), puis nommé au Sénat (1892-1916), l’agronome Philippe Landry devient président de la Chambre rouge le 23 octobre 1911. Quelque mois plus tard, le 25 juin 1912, le gouvernement de l’Ontario impose le Règlement 17 qui interdit l’instruction en français après la deuxième année et qui limite l’enseignement du français à une heure par jour.
Les Franco-Ontariens montent aux barricades et la résistance s’organise. Philippe Landry appuie ses compatriotes de l’Ontario et fait de la cause franco-ontarienne son cheval de bataille. Tant et si bien qu’il est élu président de l’Association canadienne-française d’éducation de l’Ontario (ACFEO) en 1915.
Au moment de la période la plus sombre de la lutte contre le Règlement 17, Philippe Landry pose un geste retentissant. Il démissionne comme président du Sénat canadien. Dans une lettre au premier ministre Robert Borden, en date du 22 mai 1916, il écrit: «J’ai l’intention, à titre de représentant autorisé des Canadiens-français de l’Ontario, de prendre ouvertement la défense de ceux qui n’ont pas eu de défenseurs parmi les hommes de leur race que la province de Québec compte dans l’exécutif fédéral; (…) Pour accomplir ce devoir, sans m’exposer à l’accusation de vous causer d’inutiles embarras en me servant indûment d’un prestige que je vous dois, il faut, les convenances l’exigent, que je descende du fauteuil présidentiel que j’occupe au Sénat. Je vous prie donc d’accepter ma démission.»