Naissance de l’évêque le plus médiatisé

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Publié 30/07/2007 par Paul-François Sylvestre

Un rapide survol de tous les prêtres canadiens qui ont servi comme évêques au XXe siècle permet d’affirmer que c’est le Franco-Ontarien Joseph Charbonneau qui a le plus fait parler de lui. Sa carrière épiscopale a commencé modestement, mais elle s’est terminée dans le grand tumulte, à la fin de la période québécoise appelée «la Grande Noirceur».

Né le 31 juillet 1892 à Lefaivre, dans l’Est ontarien, Joseph Charbonneau est ordonné prêtre le 24 juin 1916. D’abord vicaire dans diverses paroisses de l’archidiocèse d’Ottawa, il enseigne au Grand Séminaire de Montréal, puis devient directeur du Séminaire diocésain d’Ottawa et assume ensuite la fonction de vicaire général.

Élu évêque de Hearst le 22 juin 1939, Joseph Charbonneau est sacré à ce titre le l5 août suivant. Son séjour à Hearst ne dure qu’une dizaine de mois puisqu’il est promu évêque coadjuteur de Montréal le 21 mai 1940, puis archevêque en titre le 31 août suivant. Cette nomination n’est pas sans surprendre l’épiscopat québécois qui aurait voulu voir l’un des siens accéder à cette importante et prestigieuse fonction.

Homme progressif, souvent en avance sur son temps, Mgr Charbonneau refuse de se plier aux diktats du premier ministre Maurice Duplessis. Il encourage la création de syndicats et d’œuvres sociales qui ne cadrent pas toujours avec une société québécoise si habituée à marcher au pas de l’Église conservatrice.

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Mgr Joseph Charbonneau appuie, sans équivoque, les grévistes de l’amiante en ordonnant des quêtes publiques, à la porte des églises. La presse fait écho aux prises de position avant-gardistes de l’archevêque franco-ontarien de Montréal et à ses différends avec le Chef de l’Union nationale (Duplessis).

Mgr Joseph Charbonneau devient rapidement le mouton noir de l’épiscopat québécois. Tant et si bien qu’il est forcé de démissionner le 9 février 1950 et de s’exiler à Victoria (C.-B.). C’est là qu’il meurt le 9 novembre 1959, dans l’oubli le plus total.

Quelque dix ans plus tard, le Théâtre du Trident (Québec) jouera la pièce Charbonneau et le Chef qui rappelle comment un prélat religieux a osé défier le paternalisme totalitaire d’un premier ministre qualifié de tyran. La pièce remporte un vif succès à Montréal (Compagnie Jean Duceppe).

Auteur

  • Paul-François Sylvestre

    Chroniqueur livres, histoire, arts, culture, voyages, actualité. Auteur d'une trentaine de romans et d’essais souvent en lien avec l’histoire de l’Ontario français. Son site jaipourmonlire.ca offre régulièrement des comptes rendus de livres de langue française.

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