Un rapide survol de tous les prêtres canadiens qui ont servi comme évêques au XXe siècle permet d’affirmer que c’est le Franco-Ontarien Joseph Charbonneau qui a le plus fait parler de lui. Sa carrière épiscopale a commencé modestement, mais elle s’est terminée dans le grand tumulte, à la fin de la période québécoise appelée «la Grande Noirceur».
Né le 31 juillet 1892 à Lefaivre, dans l’Est ontarien, Joseph Charbonneau est ordonné prêtre le 24 juin 1916. D’abord vicaire dans diverses paroisses de l’archidiocèse d’Ottawa, il enseigne au Grand Séminaire de Montréal, puis devient directeur du Séminaire diocésain d’Ottawa et assume ensuite la fonction de vicaire général.
Élu évêque de Hearst le 22 juin 1939, Joseph Charbonneau est sacré à ce titre le l5 août suivant. Son séjour à Hearst ne dure qu’une dizaine de mois puisqu’il est promu évêque coadjuteur de Montréal le 21 mai 1940, puis archevêque en titre le 31 août suivant. Cette nomination n’est pas sans surprendre l’épiscopat québécois qui aurait voulu voir l’un des siens accéder à cette importante et prestigieuse fonction.
Homme progressif, souvent en avance sur son temps, Mgr Charbonneau refuse de se plier aux diktats du premier ministre Maurice Duplessis. Il encourage la création de syndicats et d’œuvres sociales qui ne cadrent pas toujours avec une société québécoise si habituée à marcher au pas de l’Église conservatrice.