Mystérieux Étienne Brûlé

Un documentaire nous lance sur les traces du premier Français en Ontario

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Publié 04/10/2011 par Annik Chalifour

L’Alliance française de Toronto (AFT), en collaboration avec la Société d’histoire de Toronto (SHT), a présenté le visionnement du documentaire À la recherche d’Étienne Brûlé, une toute nouvelle production de Médiatique Inc. réalisée pour Radio-Canada à l’occasion du 25 septembre, Jour des Franco-Ontariens, mercredi soir dernier.

Le documentaire réalisé par Fadel Saleh propose de renouer avec la fascinante personnalité d’Étienne Brûlé, premier Français ayant vécu en Ontario au courant des années 1600, auprès d’une puissante société autochtone pleine d’apprentissages pour notre coureur des bois issu de la région parisienne.

«C’est grâce à Étienne Brûlé que nous sommes tous ici et marchons dans les traces de la francophonie ontarienne», a commenté Danièle Caloz, présidente de Médiatique Inc. et membre du C.A. de la SHT.

Le jeune explorateur n’a malheureusement laissé aucune description personnelle de son existence parmi les Indiens ni de ses découvertes. Même l’année de son arrivée au Canada en 1608 a fait l’objet de nombreuses controverses, du fait que Samuel de Champlain n’identifie clairement Étienne Brûlé qu’en 1618.

À cette date, Champlain précise que Brûlé vit depuis huit ans parmi les Indiens. Or, en 1610, un jeune garçon aurait demandé à Champlain la permission d’aller habiter avec les autochtones afin d’apprendre leur langue dans le but de servir d’interprète.

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Cet adolescent serait le premier Européen, et le seul cette année-là, à tenter une telle aventure. Ceci nous permet de croire que l’adolescent de 16 ans, auquel réfère Champlain avant 1618, est bien Étienne Brûlé et qu’il se trouvait à Québec dès 1608.

Doté d’une grande ouverture d’esprit, d’un fort désir d’indépendance, du sens de l’entreprenariat et d’un incontestable courage, Étienne Brûlé possédait indéniablement une personnalité remarquable. Sa vie pourrait constituer un exemple de la fascination qu’exerçait la vie libre des Indiens sur la jeunesse française au premier siècle de la colonie

Le personnage n’ayant laissé aucun écrit, pique d’autant plus notre curiosité face à son énigmatique destin. Depuis quand les pas d’Étienne Brûlé nous relient-ils exactement à l’Histoire de nos ancêtres européens? A-t-il ou non emprunté le Portage de Toronto vers 1615?

Portage de Toronto

En juin 1615, selon Champlain, lors d’une rencontre pour effectuer de la traite avec les Hurons-Wendats aux environs de Lachine (près de Montréal), ceux-ci planifiant une nouvelle offensive contre les Iroquois, lui demandèrent de les accompagner, ce qu’il aurait accepté. Étienne Brûlé aurait fait partie de cette expédition.

Les guerriers indiens décidèrent d’attaquer un village fortifié des Onondagas, au sud du lac Ontario (site actuel de Syracuse, NY), en sollicitant l’aide d’alliés établis au sud de Syracuse, les Andastes. Ils se divisèrent en deux troupes.

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Champlain choisit d’accompagner la première troupe à partir de Cahiagué (Orillia) le 1er septembre 1615, se dirigeant vers l’est, en contournant le lac Ontario. Tandis qu’Étienne Brûlé, accompagna le deuxième groupe, passant par l’ouest du lac Ontario.

Mais quel trajet précis Étienne Brûlé a-t-il choisi pour rejoindre les Andastes? Le dilemme demeure quant à la portion ontarienne de son périple. On a longtemps affirmé qu’il aurait emprunté le lac Simcoe, la rivière Holland puis le Portage de Toronto.

Lui et ses compagnons auraient longé les rives du lac Ontario vers l’ouest, puis se seraient dirigés vers le sud entre les lacs Ontario et Érié.

Jusqu’à maintenant, on n’a retrouvé aucun document démontrant l’itinéraire exact qu’emprunta Brûlé lors de son voyage du lac Simcoe au lac Ontario; on en déduit néanmoins que l’explorateur séjourna dans des lieux où nous vivons aujourd’hui.

De l’Histoire aux arts médiatiques

À la recherche d’Étienne Brûlé aborde la vie du jeune explorateur à travers les questionnements et la créativité de la jeunesse francophone d’aujourd’hui.

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L’habile scénario repose sur la participation d’élèves de l’école secondaire publique Étienne-Brûlé et de leur enseignante en arts médiatiques, Julie Nadia Rancourt.

Le film d’une durée de 50 minutes expose l’élaboration d’un projet éducatif axé sur le thème de l’Histoire d’Étienne Brûlé, sous la forme de vidéos d’animation produites par les jeunes relatant le parcours historique du célèbre aventurier.

Sous l’œil attentif de la caméra, on assiste aux étapes de la réalisation des vidéos incluant les propos des jeunes et leur création des personnages et décors liés à la grande aventure d’Étienne Brûlé depuis son arrivée en Ontario en 1610.

«Le principe de l’égalité entre les hommes et les femmes et la protection de l’environnement existaient chez les autochtones, bien avant l’arrivée des Européens», selon une élève.

Autre vie, autres mœurs

L’œuvre de Fadel Saleh, tout en se concentrant sur les réalisations des jeunes, est adroitement ponctuée d’extraits de rencontres entre Christian Bode, vice-président de la SHT et plusieurs historiens et chercheurs universitaires en Ontario, au Québec et en France.

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On apprend qu’Étienne Brûlé, fils de vigneron, serait né à Champigny-sur-Marne vers la fin des années 1500. Bien que l’on ne puisse retracer son acte de naissance, son nom est cité à titre de parrain au cœur de plusieurs documents archivés des années 1600.

Il aurait épousé une Française en 1623 à Champigny, sans laisser de progéniture. Peut-être qu’Étienne Brûlé a connu la paternité en Amérique, durant ses 22 années de vie auprès des Amérindiens empruntant leurs mœurs, au désespoir de Champlain et des missionnaires Jésuites.

Les Jésuites ont établi leur première mission à Sainte-Marie en 1639; leur présence a permis l’établissement d’institutions d’enseignement en français.

Auteur

  • Annik Chalifour

    Chroniqueuse et journaliste à l-express.ca depuis 2008. Plusieurs reportages réalisés en Haïti sur le tourisme solidaire en appui à l’économie locale durable. Plus de 20 ans d'œuvre humanitaire. Formation de juriste.

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