Motion sur le foetus: la ministre de la Condition féminine a voté pour

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Publié 25/09/2012 par Fannie Olivier (La Presse Canadienne)

à 12h06 HAE, le 27 septembre 2012.

OTTAWA – Si la motion du député conservateur Stephen Woodworth concernant les droits du foetus a été battue, elle a néanmoins reçu l’appui de 10 ministres, dont celui — inattendu — de la ministre de la Condition féminine Rona Ambrose.

Pas moins de 91 députés ont voté en faveur de la motion du député pro-vie mercredi aux Communes, alors que la plupart des observateurs ne s’attendaient pas à ce que plus d’une quarantaine l’appuient. La motion a tout de même été rejetée, avec 203 voix contre.

Le député ontarien d’arrière-ban souhaitait la mise sur pied d’un comité parlementaire qui aurait été chargé d’étudier à quel moment un foetus devient un «être humain». Même s’il assurait que sa motion ne touchait pas précisément la question de l’avortement, M. Woodworth admettait malgré tout que l’adoption de M-312 aurait eu pour effet de déclencher un engrenage pouvant mener à la réouverture de ce débat.

L’appui que lui ont accordé des ministres influents au sein du cabinet de Stephen Harper en a surpris plus d’un. En plus de Mme Ambrose et du ministre de l’Immigration Jason Kenney qui avait déjà affiché ses couleurs, le leader du gouvernement à la Chambre Peter Van Loan, le ministre du Commerce Ed Fast et celui de la Coopération internationale Julian Fantino ont également voté en faveur de M-312.

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Tant les conservateurs que les libéraux avaient choisi de ne pas imposer de ligne de parti pour le vote sur la motion, puisqu’il s’agissait d’une mesure d’initiative privée. Les néo-démocrates et les bloquistes avaient de leur côté fait savoir qu’ils voteraient unanimement contre M-312.

Quatre députés libéraux ont également accordé leur vote à M. Woodworth: Jim Karygiannis, John McKay, Kevin Lamoureux et Lawrence MacAulay.

Harper ne veut pas rouvrir le débat

De l’avis de plusieurs — Stephen Woodworth compris — la proposition avait peu de chances d’aboutir, d’autant que le premier ministre Stephen Harper lui-même avait clairement indiqué qu’il allait voter «non» à la motion de son député. Combiné au discours très engagé en faveur du libre choix droit des femmes livré par le whip conservateur Gordon O’Connor, la déclaration de Stephen Harper a certainement dû décourager plusieurs indécis.

La position de Rona Ambrose apparaît ainsi étonnante dans ce contexte. La ministre de la Condition féminine n’a pas rencontré les journalistes à l’issue du vote pour expliquer son choix. Les partis d’opposition, eux, ont froncé les sourcils.

«La propre ministre (a tenté de faire) reculer les droits des Canadiennes qui ont été décidés ça fait des décennies. C’est un message extrêmement préoccupant», s’est inquiétée la porte-parole néo-démocrate sur le sujet, Niki Ashton.

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Selon la députée bloquiste Maria Mourani, Mme Ambrose a ainsi perdu la confiance de nombreuses femmes.

«Ça envoie un message inquiétant que le ministère de la Condition féminine, au lieu de protéger le droit des femmes, est en faveur de rouvrir un débat qui quant à moi n’est plus d’actualité. On n’a pas le goût de se retrouver au Moyen-Âge.»

Le vote de la ministre a fait réagir sur les réseaux sociaux, plusieurs internautes demandant la démission de Mme Ambrose. Au lendemain du vote, la Fédération des femmes du Québec a joint sa voix à ces appels à la démission.

Combat continu

Si M. Woodworth s’est dit déçu par la défaite, il a malgré tout assuré que le combat n’était pas terminé.

«Mon souhait est que nous continuons tous de persuader les autres du fait que des préoccupations sur l’avortement ne devraient pas faire obstacle à d’autres thèmes importants. Et cela, à mes yeux, inclut la nécessité d’enchâsser dans la loi canadienne la dignité et la valeur de tout être humain», a soutenu le député ontarien.

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Mais selon le chef libéral Bob Rae, si le sujet refait surface à la Chambre des communes, la motion ou le projet de loi sera battu à nouveau.

«À un certain point, vous devez reconnaître que certaines personnes sont très persistantes dans leur point de vue, mais vous devez comprendre que nous aussi, sommes persistants.», a-t-il expliqué.

Même si cette initiative était vouée à l’échec, certains élus pro-vie sont d’avis qu’elle n’était pas vaine.

«Je pense que ça a été une bonne discussion, et je pense que c’était le résultat net que le député voulait accomplir», a soutenu le conservateur manitobain Rod Bruinooge, qui a lui-même tenté de mettre de l’avant une motion pro-vie par le passé.

Québec

Plus tôt en après-midi, la ministre québécoise de la Condition féminine Agnès Maltais avait lancé un appel à tous les députés issus du Québec à la Chambre des communes.

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«Comme vous le savez, le Québec a une position claire, manifestée à plusieurs reprises, quant à l’importance du libre choix et à l’accès aux services d’interruption volontaire de grossesse», avait-elle écrit dans un courriel envoyé aux parlementaires.

Elle rappelait que l’Assemblée nationale avait unanimement adopté une motion pour demander au gouvernement fédéral et à Stephen Harper de mettre fin à l’ambiguïté entourant la question.

«Vous êtes les représentantes et représentants du Québec élus à la Chambre des communes. Je vous demande de respecter la volonté du peuple québécois» avait-elle conclu, les invitant à s’opposer à M-312.

Finalement, aucun élu québécois n’aura voté en faveur de la motion de M. Woodworth.

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