Mononc’ Belzébuth

Partagez
Tweetez
Envoyez

Publié 13/07/2010 par Jean-Luc Bonspiel

«… et si je viole sciemment 
mon serment, 
puis-je encourir la peine terrible de me faire crever les yeux avec une lame à trois tranchants et, la peau de mes pieds arrachée, que je sois contraint de marcher 
sur le sable brûlant des rivages stériles de la mer Rouge jusqu’à ce que le soleil ardent 
me frappe de la peste livide.»

– Extrait du serment d’initiation des Shriners

J’ai récemment eu droit à une sérénade de tambours et de glockenspiels devant l’hôtel qui fait face à la fenêtre de mon bureau, gracieuseté de quelques-uns des Shriners réunis en congrès à Toronto. Ils ont interprété un medley de morceaux favoris des parcs Disney, avec une concession musicale pour leurs hôtes: ils ont joué le Maple Leaf Forever (plutôt que le Ô Canada).

Par la suite, gaiement coiffés de leurs fez aux scimitars croisés, ils ont procédé à leur traditionnelle parade de petites autos, bloquant le trafic sur plusieurs rues autour de leur défilé.

La police était nombreuse à encadrer l’événement. Contrairement à leur dernière sortie publique en grand nombre, ils ne portaient pas de casques, ne brandissaient pas d’armes, ne menaçaient de violer personne.

Publicité

Les apparences ne sont pas toujours trompeuses

Si l’affichage annonce le contenu, alors le QG de la police de Toronto, entouré de sculptures mettant en vedette d’évidents symboles maçonniques, est nécessairement bourrée de franc-maçons.

Mais les flics n’en diront jamais rien, le serment d’un maçon auprès de ses confrères étant supérieur à tout autre. Et voilà le noeud du problème.

Plusieurs ont attribué à son appartenance à la franc-maçonnerie le traitement de faveur que le tueur en série Paul Bernardo a obtenu de la part des corps policiers qui enquêtaient ses crimes.

Et il n’est pas si important que cela soit vrai ou faux; ce qui importe, en fait, c’est que nous soyons à l’abri des cachotteries, traitements de faveur, et autres enfantillages d’une société secrète d’adolescents attardés.

Les hôpitaux Shriners

On serait en droit de se demander pourquoi des messieurs riches au goût vestimentaire douteux voudraient faire du bien à des enfants qu‘ils ne connaissent pas. Les Shriners, riches? Et comment!

Publicité

Les hôpitaux pédiatriques que gèrent les Shriners en Amérique du Nord sont financés à même une fondation dont le capital excède les cinq milliards, somme amplement suffisante pour couvrir le budget annuel de 826 millions pour leurs 22 hôpitaux en 2010. La triste vérité est que les Shriners ne rencontrent même pas les normes minimales de l’American Institute of Philanthropy parce qu’ils sont assis sur une trop grosse fortune.

Leur immense magot ne les empêche cependant pas de quémander régulièrement des sommes auprès du public dans le cadre d’événements-spectacles à caractère familial.

Cependant, comme l’a découvert procureur général de l’État du Vermont, les célèbres cirques des Shriners ne retournent qu’un pourcentage infime des recettes aux bonnes oeuvres.

En 2001, l’ordre fraternel a dû régler hors cour pour 75 000$ une affaire de fausse représentation dans cet État parce qu’ils n’avaient remis que 3,5%, 2,75%, et 4% des recettes amassées au cours des années 1997, 1998, et 1999 respectivement.

Depuis que le quotidien Orlando Sentinel (Floride) a exposé le fait que moins de 5% des fonds amassés par ces spectacles servaient à financer les hôpitaux, les publicités invitant le public aux cirques des Shriners n’annoncent plus aucun lien direct entre les sommes amassées et les hôpitaux.

Publicité

La cruauté ne nous amuse 
(presque) plus

Leur association avec divers cirques ambulants américains à l’ancienne mode (Ringling bros. et autres) est également source de questions troublantes.

Au XXIe siècle, l’exploitation des animaux dans les cirques a laissé place à l’exploitation des petites Chinoises et des ex-soviétiques. Les mauvais traitements infligés aux animaux exotiques figurant dans les spectacles parrainés par les Shriners font depuis des décennies l’objet de campagnes de protestation de la part d’organismes pour la défense des droits des animaux.

De qui parle-t-on au juste?

Alors qui sont ces philanthropes portant le fez rouge au volant de bagnoles miniatures?

Premièrement, pour être Shriner, il faut obligatoirement être franc-maçon. Ceci exclut d’emblée toute participation féminine, car seul un homme (et encore là, pas n’importe lequel) peut pratiquer le rite ancien et accepté, comme ils l’appellent.

Un coup d’oeil sur les visages de membres affichés sur le site du temple Karnak (chapitre québécois parmi 191 temples shriners en Amérique du Nord) ne discernera la présence d’aucune minorité visible. On dirait le dernier refuge de l’Amérique pansue et pétrifiée.

Publicité

Des rigolos en hauts lieux

À l’image même des protagonistes, plusieurs mystères persistent. Mais dans la mesure où les franc-maçons sont disproportionnellement représentés chez les notables, il est raisonnable de penser mais impossible de prouver (serment oblige) qu’ils sont présents au conseil des ministres.

En réponse à un rapport gouvernemental sur les franc-maçons et l’appareil judiciaire, le ministre des affaires intérieures du Royaume-Uni de l’époque, Jack Straw, déclarait: «L’adhésion aux sociétés secrètes telles que la franc-maçonnerie peut soulever des soupçons d’un manque d’impartialité ou d’objectivité. Il est donc important que le public connaisse les faits.»

Il serait effectivement temps que nos décideurs et tous ceux qui ont prêté serment de servir l’intérêt public cessent volontairement de nous cacher leurs affiliations ou que des mesures soient prises, comme en Angleterre, pour qu’ils les divulguent obligatoirement.

Auteur

Partagez
Tweetez
Envoyez
Publicité

Pour la meilleur expérience sur ce site, veuillez activer Javascript dans votre navigateur