La crème des nouvelliers et nouvellières du Québec

Michel Lord, 25 ans de nouvelles québécoises
Michel Lord, 25 ans de nouvelles québécoises par ses meilleurs nouvelliers et nouvellières (1996-2020), essai, Bromont, Les Éditions de la Grenouillère, collection Essai, 2022, 344 pages, 34,95 $.
Partagez
Tweetez
Envoyez

Publié 06/07/2022 par Paul-François Sylvestre

La nouvelle est un genre littéraire qui détient ses lettres de noblesse depuis Marguerite de Navarre et Guy de Maupassant. Ce genre narratif bref est pratiqué au Québec dès 1837 avec Philippe Aubert de Gaspé fils.

Michel Lord s’est penché sur pas moins de 160 recueils écrits par 71 auteurs québécois qu’il présente dans 25 ans de nouvelles québécoises par ses meilleurs nouvelliers et nouvellières (1996-2020).

Une série de réflexions

Il puise son corpus dans les ouvrages qu’il a recensés pour Lettres québécoises et University of Toronto Quarterly.

Il n’offre pas une anthologie ou un dictionnaire, mais plutôt «une série de réflexions d’un amateur de nouvelles qui suit depuis plus de trente ans avec attention la production de la nouvelle québécoise qui, partie de peu au milieu du XIXe siècle, s’est développée petit à petit comme une des pratiques majeures de la littérature québécoise».

Ce survol démontre qu’environ 60% des 71 auteurs sont professeurs d’université (25) ou de cégep (15). Prêtres et religieux brillent par leur absence dans ce décor au tournant du siècle. «Que des laïcs. Autre temps, autre mœurs.»

Publicité

Nouvelles aux élans comiques ou tragiques

Avec autant de recueils examinés, il n’est pas étonnant que l’inspiration varie largement, allant du fabliau au fantastique en passant par le terroir, le régionalisme et le merveilleux.

On fait rire et pleurer avec des élans comiques ou tragiques. «C’est toutefois l’esthétique réaliste qui domine, nous donnant le spectacle d’un monde tel qu’il est perçu en ces années difficiles, où se chevauchent une fin de siècle et un nouveau millénaire.»

Si les représentations réalistes tiennent le haut du pavé, il n’empêche que «les autofictions, biofictions, biographèmes et autoreprésentations diverses de l’écrivain ont la part belle dans ces nouvelles».

Amour et crimes sexuels

Le corpus étudié renferme une gamme de motifs et de thèmes. Cela va de l’obsession axée sur l’amour et la haine à la solitude et la vieillesse en passant par les ruptures, les difficultés de communication, les apparences trompeuses, la maladie, la dépression, la mort, «de même que les cas révoltants de pédophilie, d’inceste et d’autres crimes sexuels innommables».

Le titre de l’ouvrage indique que Michel Lord s’est arrêté aux nouvellistes québécois. Or, Pierre Karch, de Toronto, et Daniel Castillo Durante, professeur à l’Université d’Ottawa, figurent parmi les 71 auteurs.

Publicité

Le corpus étudié évoque, bien entendu, des évènements très québécois comme la mort de Duplessis en 1959, les bombes du FLQ et la crise d’octobre 1970, ainsi que la victoire du Parti québécois en 1976.

Nouvelles sans frontières

Les nouvellistes dépassent les frontières provinciales pour évoquer les attaques contre le World Trade Center, ou remonter plus loin dans le temps et se remémorer l’époque des hippies.

«Le bonheur est bien présent dans notre corpus», conclut Michel Lord, «même s’il ne l’est pas autant que le malheur.»

«Cela se comprend, la littérature (et la nouvelle tout autant que les autres genres) se nourrissant de la tragédie que représente notre vie sur terre, avec son lot de souffrances, et de joies trop peu nombreuses. »

Auteur

  • Paul-François Sylvestre

    Chroniqueur livres, histoire, arts, culture, voyages, actualité. Auteur d'une trentaine de romans et d’essais souvent en lien avec l’histoire de l’Ontario français. Son site jaipourmonlire.ca offre régulièrement des comptes rendus de livres de langue française.

Partagez
Tweetez
Envoyez
Publicité

Pour la meilleur expérience sur ce site, veuillez activer Javascript dans votre navigateur