Méfiez-vous des neutres qui ne portent aucun carré

Les mouvements sociaux auxquels nous assistons actuellement – un vent d’air frais qui souffle au Québec, forcent chacun à révéler sa vraie nature en optant pour un carré qui corresponde à ses choix idéologiques.

Le problème des neutres, c’est que leurs prises de position sont floues. Ils tergiversent entre la gauche et la droite et la confusion encombre leur esprit. La seule position qu’ils aiment, c’est quand ils sont assis confortablement sur la clôture.

Jadis, ils pouvaient pontifier à longueur de jour, mais ils le peuvent de moins en moins, heureusement. C’est ce qu’il y a de bon dans les débats de société: ils forcent les tièdes et les neutres à sortir de leur éternelle position de non-compromis.

Les tièdes ne veulent perdre aucuns des avantages de la droite, quoiqu’ils aiment les idées de la gauche. Ils se croient progressifs parce qu’ils soutiennent quelques éléments de l’idéologie de gauche, mais dans les faits, leur façon de penser est celle des gens de droite.

Ils ont une pensée rigide, et dans leur intransigeance, sont peu capables de relativiser et de discerner. Ils se disent ouverts d’esprit, mais leur ouverture se referme dès qu’ils sentent que leurs propres intérêts sont brimés par la poursuite d’intérêts collectifs.

Leur pensée de gauche se limite à des sphères qui ne menacent pas leur mode de vie, où ils ne doivent rien sacrifier.

Ils sont pour le socialisme en autant que leur zone de confort ne soit pas dérangée. Leur vision du monde part de leur propre vécu, une expérience limitée, centrée sur eux-mêmes.

Ils favorisent l’obligation de travailler, l’accès à la propriété et la liberté individuelle et refusent l’idée que leurs concitoyens puissent avoir du confort sans faire le même effort qu’eux.

Ils sont donc carrément opposés à l’égalité de traitement, à la sécurité sociale et au partage obligatoire de la richesse.

Les neutres souhaitent aussi que les changements sociaux se fassent tout en douceur sur une note d’euphorie, comme dans les contes de fée… «Ils vécurent heureux jusqu’à la fin de leurs jours.»

Je ne suis pas un fervent de Mao Tsé-Toung, mais je crois que dans le contexte actuel, il vaut la peine de rappeler qu’il disait que changer un régime, ce n’est pas un dîner de gala ou une partie de plaisir qui s’accomplit dans l’élégance, la tranquillité, la délicatesse, la douceur et la retenue.

Puisque le changement social exige que l’on prenne aux uns pour donner plus aux autres, il va de soi que les perturbations sociales sont inévitables.