McGuinty blâme notre «pétro-dollar» pour le déclin de l’Ontario

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Publié 27/02/2012 par Jennifer Graham et Lauren Krugel (La Presse Canadienne)

à 19h15 HNE, 1er mars 2012.

REGINA – Le premier ministre de la Saskatchewan, Brad Wall, a déclaré mardi que les commentaires de son homologue ontarien sur les sable bitumineux n’aidaient pas à améliorer les relations entre l’est et l’ouest du pays.

Dalton McGuinty avait affirmé lundi que le succès des sables bitumineux avait pour corollaire un dollar canadien fort, ce qui nuisait au secteur manufacturier et aux exportations en Ontario.

Il avait ajouté que Queen’s Park préférait un dollar plus faible à une industrie pétrolière et gazière florissante dans l’ouest du Canada.

M. Wall a indiqué que la Saskatchewan, qui est le deuxième plus important producteur de pétrole au pays, avait un compte à régler avec les tenants de ce genre de théorie.

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Selon lui, il n’est pas constructif d’accuser le secteur de l’énergie de nuire à une partie du Canada en raison de son possible impact sur le dollar.

Le premier ministre Wall a rappelé que sa province, premier exportateur mondial de potasse, perdait des millions de dollars en revenus chaque fois que le dollar grimpait, mais a soutenu que c’était une erreur d’associer un dollar faible à une plus grande productivité et à une meilleure compétitivité.

Reconnaissant que les fluctuations du dollar ont un impact sur les gouvernements, il a souligné qu’il ne fallait pas non plus perdre de vue que le secteur des ressources offrait aussi de nombreuses possibilités d’emplois et d’investissements à l’ensemble des Canadiens.

Lundi, la première ministre de l’Alberta, Alison Redford, avait réagi aux propos de M. McGuinty en disant que les difficultés économiques des États-Unis étaient en partie responsables de la vigueur du dollar canadien.

Elle avait également fait remarquer que les déclarations du premier ministre ontarien détonnaient avec les découvertes d’une étude réalisée par l’Institut canadien de recherche énergétique montrant que l’Ontario bénéficiait grandement des profits générés par les sables bitumineux.

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Selon le groupe de réflexion basé à Calgary, les sables bitumineux auront des retombées économiques de l’ordre des 63 milliards $ en Ontario et créeront 65 000 emplois dans la province durant les 25 prochaines années. Le Québec et la Colombie-Britannique profiteront aussi de la manne, mais de manière moins importante.

La première ministre albertaine Alison Redford avait demandé aux premiers ministres de l’Ontario et du Québec de prendre position en faveur des sables bitumineux, estimant qu’il est insuffisant qu’elle soit la seule à défendre cette ressource. Le premier ministre de l’Ontario, Dalton McGuinty, a refusé.

Selon M. McGuinty, les bienfaits pour l’Ontario sont plus qu’effacés par l’envolée du huard, qu’il qualifie de «pétro-dollar». Il affirme que la robustesse du huard — qui est passé de 67 cents US en 2003 à la parité avec la devise américaine aujourd’hui — a «dégonflé» le secteur manufacturier et les exportations de sa province.

Alliance des principales entreprises

Par ailleurs, une douzaine d’importantes pétrolières canadiennes qui exploitent les sables bitumineux ont indiqué, jeudi, à Calgary, qu’elles partageront leur savoir-faire environnemental, écartant du même coup les problèmes de propriété intellectuelle et les autres barrières qui ralentissaient les progrès à ce chapitre.

Les 12 entreprises unissent ainsi leurs forces et reconnaissent qu’aucune d’entre elles n’a le «monopole des idées ou de la sagesse» en matière d’environnement, a souligné Steve Williams, chef de l’exploitation et bientôt pdg de la plus importante société d’énergie au pays, Suncor Energy (TSX:SU).

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Outre Suncor Energy, l’Alliance pour l’innovation dans les sables bitumineux (COSIA) regroupera aussi Imperial Oil (TSX:IMO), Total E&P Canada, Cenovus Energy (TSX:CVE), Shell Canada, Statoil Canada, Devon Canada, BP Canada, Teck Resources, Canadian Natural Resources (TSX:CNQ), ConocoPhillips Canada et Nexen.

M. Williams a assuré que les entreprises demeuraient des concurrentes entre elles, et qu’elles poursuivraient leur lutte féroce sur le marché pour démarquer leurs produits. Mais lorsque viendra le temps d’aborder la question de l’environnement, elles ressortiront toutes gagnantes d’une alliance dans ce dossier, selon le futur patron de Suncor.

Le patron de la nouvelle COSIA, Dan Wicklum, a décrit l’organisation comme une plateforme de collaboration pour l’innovation, qui chapeautera des sous-comités dans quatre secteurs: l’eau, le sol, les gaz à effet de serre et les résidus — soit l’énorme quantité d’eaux usées toxiques issues du processus d’extraction des sables bitumineux. Ces déchets ont été abondamment ciblés par les écologistes.

M. Wicklum a expliqué que la COSIA élaborerait une structure juridique qui prévoira que les sociétés pourront garder la mainmise sur leur propriété intellectuelle, mais qu’elles pourront ensuite la partager.

Les entreprises pourront ainsi mieux comprendre les travaux menés par les autres sociétés membres de la COSIA, ce qui permettra d’éviter les efforts en double et de travailler à partir de leurs succès respectifs, a ajouté M. Wicklum.

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La COSIA n’est toutefois pas une agence de financement et n’effectuera pas ses propres recherches, pas plus qu’elle ne misera sur les communications pour contrer les campagnes fortement médiatisées contre les sables bitumineux, une ressource qualifiée par ses détracteurs de «sale», a poursuivi M. Wicklum.

Au moins un groupe environnemental a applaudi à l’annonce de jeudi, le directeur exécutif de l’Institut Pembina, Ed Whittingham, ayant souligné qu’une telle initiative, certes tardive, était préférable à l’absence totale de mesures dans le domaine.

Du côté de Greenpeace, le représentant Keith Stewart a toutefois qualifié la démarche de la COSIA «d’écoblanchiment». Selon lui, il ne s’agit que d’une preuve supplémentaire que l’association des pétrolières ne fait que de vagues promesses plutôt que des engagements concrets à réduire leur pollution.

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