Maxime Bernier veut détruire le mythe de l’inflation utile

À la tribune du Club canadien

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Publié 01/03/2011 par Vincent Muller

Pour Maxime Bernier, «seule la Banque centrale est responsable de l’augmentation des prix au Canada». Le Québecois, député conservateur de la Beauce, ex-ministre controversé des Affaires étrangères qui a dû démissionner en 2008 après deux ans de services, était au Club canadien de Toronto jeudi dernier pour une conférence sur «les dangers d’une politique monétaire expansive».

L’objectif de Maxime Bernier est clair: faire en sorte que la Banque centrale du Canada revoie à la baisse la cible d’inflation, qui est actuellement de 2% par an, pour la ramener si possible à 0%. Son intervention devant les membres du Club canadien était donc principalement une argumentation visant à convaincre l’auditoire des méfaits de l’inflation et des bienfaits de la déflation pour l’économie canadienne.

Le député se dit être le premier à évoquer la question. Il considère que l’«on ne peut pas renforcer son économie avec une monnaie faible. On dévalue pour soutenir l’exportation et la demande, mais ça engendre l’endettement, l’émergence de nouvelles bulles qui vont engendrer une nouvelle crise économique».

Conséquences de la dépréciation du dollar canadien

Le conférencier souligne que l’augmentation de la création de monnaie au Canada provoque la dépréciation du dollar et est la principale cause de l’augmentation des prix: «Les prix n’augmentent pas à cause de l’augmentation du prix du pétrole ou de l’augmentation des salaires, seule la Banque centrale est responsable de l’augmentation des prix au Canada», affirme-t-il.

«La Banque du Canada a une cible d’inflation de 2% annuellement, pour certains ça peut sembler minime, mais 2% de dépréciation de l’argent, année après année ça s’accumule», explique-t-il, pointant du doigt «une politique monétaire expansionniste», et soulignant que le dollar de 1990 ne vaut plus que 70 cents aujourd’hui.

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Pour Maxime Bernier, l’inflation qui, sur «les 20 dernières années représente 45%», est l’équivalent d’une taxe de + 45%. «C’est la pire des taxes, c’est une taxe insidieuse qui frappe surtout les plus démunis. Elle gruge le pouvoir d’achat, les revenus et l’épargne. Si on n’a pas eu d’augmentation de salaire de 45% depuis 1990 on s’est appauvri, les salaires fixes sont donc les plus touchés.»

Le député conservateur pointe également du doigt la réduction des taux d’intérêts, expliquant que cela incite les gens à moins épargner et engendre une tendance à l’endettement. «Le ratio d’endettement chez les Canadiens en 1990 était de 90%, il est de 115% aujourd’hui», note-t-il.

Pour lui, les récessions sont dues à l’intervention des banques centrales qui provoquent la création de bulles. Rappelant l’explosion de la bulle des .com dans les années 2000 et de la bulle de l’immobilier et de la finance en 2008, il considère que l’on n’a pas su tirer de leçon de ces évènements.

Ce qui atténue les choses au Canada selon le conférencier, est que notre dette publique «se situe à un niveau raisonnable» contrairement à des pays comme la Grèce, l’Irlande ou les États-Unis en faillite «trop dépendants du crédit».

Déflation synonyme de prospérité?

Selon Maxime Bernier, le maintien de la cible d’inflation à 2% profite à certains groupes d’intérêts. «La Banque centrale a un penchant pour les bas taux d’intérêt, une dette importante remboursée avec une monnaie dévaluée c’est utile aux gouvernements très endettés.»

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«La prospérité n’a rien à voir avec la quantité d’argent, mais avec ce que l’on peut acheter», explique Maxime Bernier pour qui la déflation permettrait d’augmenter ou de préserver notre pouvoir d’achat et d’empêcher la création de bulles spéculatives. La déflation provoquerait une baisse des prix et certains craignent que la consommation ralentisse du fait que les consommateurs décideraient d’attendre une baisse plus importante. Cette crainte serait totalement infondée selon le conférencier qui s’appuie sur l’exemple des ordinateurs qui «sont de moins en moins chers, mais les gens en achètent de plus en plus».

«Au XIXe siècle il n’y avait pas de Banque centrale, mais il y a eu une baisse des prix dans tous les secteurs et c’est une époque de développement économique très rapide», continue-t-il.

Et ceux qui s’inquiètent des difficultés que pourrait provoquer une monnaie forte en matière d’exportation ne devraient pas se faire de soucis: «Il n’y a aucun lien entre la monnaie faible et l’exportation, par exemple l’Allemagne à l’époque du Deutsch Mark, qui était fort, a toujours beaucoup exporté», argumente-t-il, faisant une comparaison un peu rapide qui nécessiterait de s’intéresser de plus près au type de produit exporté (produit manufacturés, matières premières) et aux pays importateurs.

Il souligne qu’un dollar canadien fort permettrait également de s’approvisionner plus facilement sur les autres marchés.

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