Ce titre m’est venu en lisant un recueil passionnant, les Chroniques de Maupassant*, que vient de m’envoyer un vieil ami, auteur de cette anthologie, Henri Mitterand. Ce dernier, les Torontois le connaissent bien, puisqu’il a été professeur invité pendant de nombreuses années, à University College.
Je n’ai fait que commencer le livre, qui compte 1 768 pages, sur papier bible. Mais je voulais absolument vous en faire part, avant qu’il ne soit trop tard pour un cadeau de Noël! C’est un bel objet qui aurait facilement trouvé sa place dans la collection de La Pléiade. Mais il est publié dans celle du Livre de Poche, qui lui assurera une plus grande diffusion. Comme tous les livres d’Henri Mitterand, celui-ci est fait avec un soin remarquable. Chaque chronique est précédée d’un résumé analytique clair, d’une plume critique toute en finesse.
Chemin faisant, il commente brièvement le texte, ajoutant des notes aussi précises que précieuses pour les sociologues et les littéraires.
Maupassant a publié plus de deux cent cinquante chroniques dans les journaux de l’époque. Mitterand les a classées par thèmes, selon quatre grandes catégories: société et politique; moeurs du jour; flâneries et voyages; les lettres et les arts. C’est surtout dans les deux premières catégories que l’on voit des chroniques savoureuses, ressemblant à celle de journaux d’aujourd’hui et il n’est pas rare d’y retrouver la structure de la nouvelle des «contes» de Maupassant, avec une chute finale.
L’ensemble est d’un observateur au regard impitoyable, qui a l’objectivité d’un Zola et l’écriture d’un Flaubert. Il est aussi, bien souvent, amusé par l’extraordinaire galerie de personnages de son temps. J’ai particulièrement apprécié son humour à propos de la jalousie. Après avoir constaté que: «On a beaucoup discuté, depuis quelque temps, sur le quatrième acte de Pot Bouille. Cette manière simple et bourgeoise de considérer l’adultère a choqué force gens du monde qui le pratiquent pourtant plus simplement encore. On a trouvé peu noble qu’un mari, surprenant sa femme en flagrant délit, se contente de dire à l’amant: Moi, me battre avec vous? Jamais de la vie. Ma femme est votre maîtresse, gardez-là!»