Matane, coups de cœur d’hiver sans skis

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Publié 03/11/2009 par Benoit Legault

J’étais à Matane la semaine dernière. Oui, Matane en Gaspésie, à 600 km au nord-est de Montréal. J’y étais en quelque sorte par affaires, pour prononcer une conférence sur le journalisme touristique. Et j’y suis tombé sous le charme. Sous le charme de la neige qui y répandait déjà un tapis blanc, sous le charme des vagues du golfe du Saint-Laurent naissant, sous le charme des gens.

Alors je suis resté un peu. J’ai pris le temps d’aller voir le cœur de la ville, et son historique promenade des Capitaines. J’ai senti les transformations du lieu… au fil des ans, des décennies et des siècles.

Matane mythique et touristique

Matane est un peu, beaucoup, un mythe touristique au Canada. C’est une communauté de moins de 
12 000 habitants, au tout début du trajet circulaire de la Gaspésie, le Grand tour.

De riches anglophones s’y échangent des propriétés en bord de mer de générations en générations. Matane est aussi associée à la délicieuse crevette qui y est transformée; vous pourriez manger une tonne de crevettes nordiques préalablement congelées, mais vous ne connaîtriez toujours pas la texture joufflue, le subtil goût de mer et la teinte lustrée de la crevette nordique fraîchement retirée des eaux glacées du golfe.

Le mythe matanais se vit habituellement l’été, en vitesse, en escale, en étape. D’autant que Matane est le point d’arrivée en Gaspésie des grands traversiers en provenance de Baie Comeau et Godbout, sur la Côte-Nord, au bout d’un regard posé au travers du golfe lors d’une journée sans brume.

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L’automne et surtout l’hiver, Matane et sa région mutent en terrain de jeux format géant pour touristes actifs. Ils font de la motoneige autour de la péninsule gaspésienne, du ski de fond dans la réserve faunique de Matane, entre autres choses liées aux plaisirs typiques de l’hiver.

Le Matane des contemplatifs

Mais le Matane que j’ai découvert et aimé n’est ni lié aux activités typiques ou actives. Il faut dire que, il y a quelques années, en janvier, j’y ai vécu une expérience aussi mémorable qu’inattendue.

J’avais emprunté le traversier à Baie Comeau, par -20 degrés. L’eau glaciale fumait au contact de l’air comme si elle mijotait. La solide coque du navire frappait les blocs de glace à la dérive comme un policier se fraye un chemin parmi des clochards titubant.

Après deux heures de ce spectacle si beau que -20 n’était pas suffisant pour vouloir retourner au chaud, le port de Matane nous a ouvert ses bras blancs. En vain d’abord, car les glaces tenaces empêchaient le solide bateau d’atteindre son but. Par deux fois, le traversier a dû faire marche arrière et ensuite s’élancer pour rompre son étau gelé. C’était un délicieux moment d’incertitude et de surprise, comme la vie moderne en offre peu, même en voyage aux antipodes.

Émotions profondes

Aucune émotion pareille la semaine dernière. Mais d’autres plus profondes. Notamment lors de la visite de l’ancien magasin général A. G. à Petit-Matane, au bord du fleuve.

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C’est un lieu improbable ailleurs. Imaginez: ce magasin général, fermé sous clé en 1978, avec toutes ses marchandises, dormant tranquillement jusqu’en 2004. Incroyable, personne n’a brisé un seul carreau pour s’emparer de quoi que ce soit!

La marchandise et les équipements, remontant souvent aux années 1940 et 1950, représentent une formidable machine à remonter dans le temps. Une machine constituée notamment des «accoutrements» de bûcherons en laine, de bleu à laver et de «poudre à danser» (on la saupoudrait sur les planchers pour favoriser la glisse des souliers).

Oui, en 2004, la brave Christiane Simard a racheté tout le magasin et en a fait une attraction touristique qui ne s’invente pas; «Vous savez, y’a 50 ans on se promenait encore avec des chevaux ici», m’a-t-elle dit. L’ancien magasin général est ouvert à l’année et son restaurant qui sert des plats d’antan aussi…

Les chevaux ont disparu à Matane. Ce sont plutôt de grandes éoliennes que l’on rencontre aujourd’hui. Des éoliennes qui changent le paysage, pas seulement scénique mais aussi économique. L’économie régionale va mieux.

Et on voit des choses belles, claires et certes dignes de lieux prospères, comme le Complexe culturel Joseph-Rouleau, un merveilleux espace d’art, de culture et de vues imprenables sur l’eau.

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Essayé et recommandé

Le Riôtel: Un quatre étoiles chaleureusement confortable aux aménagements dernier cri. La table est créative, régionale, savoureuse et impeccablement située devant la mer (riotel.com).

Auteur

  • Benoit Legault

    Journaliste touristique basé à Montréal. Collaborateur régulier au Devoir et à l-express.ca. Responsable de la rédaction de guides Ulysse. Benoit Legault a remporté plusieurs prix de rédaction touristique. Il adore l'Ontario et ses Grands Lacs.

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