«La lutte des Franco-Ontariens est inspirante: ça pourrait être le thème de mon travail jusqu’à la fin de ma vie.»
Ces dernières semaines, de nombreux médias et organismes reprennent ses dessins pour illustrer l’opposition des Franco-Ontariens aux mesures annoncées par le gouvernement de l’Ontario: gel du projet de l’Université de l’Ontario français et diminution du statut du commissariat aux services en français.
Mais qui est donc Marc Keelan-Bishop? L’Express est allé à la rencontre de cet illustrateur engagé, qui habite dans la région de Trenton.
L’origine de son militantisme
Depuis très jeune, Marc Keelan-Bishop baigne dans les histoires de résistance de sa famille.
Lorsqu’elle était une petite fille, durant la Seconde Guerre mondiale, sa mère vivait en Allemagne. «Son père était un anti-nazi et lui laissait écouter la BBC secrètement», nous confie-t-il.
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À l’adolescence, il fait ses premières armes au sein de la Fédération de la jeunesse franco-ontarienne (FESFO). «C’est à ce moment-là que je suis devenu Franco-Ontarien. J’avais toujours parlé français en Ontario, mais je n’avais pas encore conscience de l’histoire et des défis de la communauté franco-ontarienne.»
«On s’est battus pour avoir les premiers collèges francophones», nous explique-t-il fièrement. Il étudie le journalisme au collège La cité à Ottawa.
Les rebelles franco-ontariens
Marc Keelan-Bishop commence sa carrière à TFO dans les années 90. Son poste de directeur créatif l’amène à embaucher de nombreux illustrateurs. Au fur et à mesure, il se met à dessiner lui-même.
Grâce à son travail pour la commémoration des 400 ans de la présence française en Ontario, en 2015, il acquiert de la notoriété dans la province. Très intéressé par l’histoire, il réalise huit affiches sur des rebelles franco-ontariens.
La bataille des épingles à chapeau contre le Règlement XVII est l’une d’elle. Son affiche illustre la rébellion des femmes franco-ontariennes qui ont défendu une des écoles françaises contestataires à Ottawa. Munies de leurs épingles à chapeau, elles firent reculer les inspecteurs du gouvernement et la police.
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«C’est une histoire fondamentale pour l’Ontario français, on pourrait presque en faire un film! Je m’étais d’ailleurs inspiré de l’affiche du film Jack the ripper, un meurtrier très épeurant.»
Mobilisation de novembre 2018
«On peut dire que je ne suis pas un grand fan des Conservateurs. Ce qu’ils ont voté dernièrement sur les transsexuels, j’ai trouvé ça méchant.»
Le 17 novembre dernier, au Congrès provincial, le PC a adopté une résolution visant à supprimer les cours sur les identités de genre dans les écoles, jugeant ces derniers emprunts «d’idéologie libérale».
«En ce qui concerne le commissariat, c’est encore pire, et c’est économiser très peu d’argent! La communauté francophone a été choquée par ce qu’il s’est passé», explique-t-il.
«J’ai donc décidé de réagir rapidement et de ressortir une image que j’avais dessinée lorsque Fidel Castro était mort. C’est une image clichée de la révolution, avec le poing, que j’ai adaptée avec des drapeaux franco-ontariens et des épingles à chapeau.»
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«L’image est vite devenue virale. Avec des entrepreneures de la marque EnTK, nous avons décidé de créer des T-shirts dont 100% des fonds seront reversés au fond de résistance de l’Assemblée de la francophonie de l’Ontario (AFO). Cela permettra d’organiser la manifestation du samedi 1er décembre entre autres.»
Vivre de son art
Marc Keelan-Bishop a différentes sources de revenus. «Je vends des murales, mes affiches rebelles, ainsi que des affiches que me commanditent les organisations franco-ontariennes. À côté de cela, j’organise des ateliers dans des écoles, je fais des infographies pour les élections municipales, j’illustre des conférences.»
Toutefois, l’artiste aimerait se dédier davantage à la communauté franco-ontarienne, réaliser de nouvelles affiches rebelles, et, à terme, en faire un livre.
«Dernièrement, je me suis inscris sur Patreon, un site qui permet aux gens de devenir des patrons d’artistes. Ils peuvent donner 1 ou 2 dollars par mois pour aider des artistes. Ça a l’air de rien, mais imaginez si tous les francophones de l’Ontario donnaient cette petite somme! En échange, les contributeurs ont des avantages spéciaux: ils peuvent avoir accès au travail avant les autres, avoir des signatures,…»
«L’union fait la force! Je pourrais devenir un artiste en résidence de l’Ontario français», s’amuse-t-il.
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