Marc Fisher était l’invité de la Bibliothèque publique de Toronto lors du Festival des écrivains de Toronto, en octobre dernier. Il venait tout juste de publier La Femme rousse: chronique de l’amour à l’âge de fer. Il s’agit à la fois d’un roman d’amour et d’un thriller auxquels le lecteur accroche aisément, tant les rebondissements sont nombreux et palpitants.
Marc Fisher met en scène une dénommée Louise Marple, ancienne infirmière, libraire et auteure d’un premier roman. Son collègue Gigi est un libraire gai qui rencontre le bonheur avec un joueur de hockey dans le placard. Mademoiselle Marple, elle, est poursuivie par Charles Bormes, richissime play-boy de 38 ans, qui n’est pas encore marié parce qu’il a rencontré des femmes «qui lui ont posé les mauvaises questions et celles à qui il a donné les mauvaises réponses».
Louise Marple cherche à faire publier le manuscrit d’un roman. Elle se rend vite compte que le monde de l’édition est dominé par les hommes et que, «si vous voulez qu’un homme vous donne ce que vous désirez (contrat de publication), il faut que vous lui donniez ce qu’il désire (faveurs sexuelles). C’est injuste, je sais, et c’est souvent dégueulasse, mais si vous ne voulez pas passer votre vie à attendre à côté de la piste de danse, il faut que vous jouiez le jeu.» L’auteur caricature, bien entendu, mais son constat repose sur une part de vérité.
Mademoiselle Marple rencontre un éditeur et devient aussitôt victime de chantage sexuel. Elle porte plainte à la police, mais les griefs d’une femme harcelée ne valent pas grand chose à moins qu’elle soit à l’article de la mort: «je suis allée à la police, mais tu sais comment c’est: si tu n’arrives pas sur une civière ou le crâne défoncé à coups de marteau, tu ne les intéresses pas». En plus de ce chantage, Loulou Marple est la cible d’un mystérieux homme à la gitane, de plus en plus agressif, au point où la vie de la femme rousse est en danger. À l’image de la fameuse Miss Marple d’Agatha Christie, mademoiselle Louise Marple décide de mener son enquête. Les rebondissements ne manquent pas, tous savamment orchestrés.
L’auteur aime jouer sur les mots et semble y prendre un vif plaisir puisqu’il s’adonne régulièrement à ce jeu. Marc Fisher décrit, par exemple, un homme qui baise comme un pied, puis ajoute que c’est peut-être pour ça qu’il appelle ça «prendre son pied». Ailleurs, Fisher note qu’«une femme pas niquée est une femme… paniquée». L’auteur écrit que chaque homme sait qu’il va mourir un jour, mais lorsqu’on sait quel jour on va mourir, à quelques semaines près, «ça vous fait drôle, ça vous… tue!»