Manif contre l’entraîneur unilingue du Canadien de Montréal

Partagez
Tweetez
Envoyez

Publié 08/01/2012 par Laurence Hallé (La Presse Canadienne)

à 21h24 HNE, le 7 janvier 2012.

MONTRÉAL – Aux couleurs habituelles du Canadien de Montréal (CH) sont venues s’ajouter celles de la fleur de lys samedi soir devant le Centre Bell.

Quelques centaines de partisans de la Sainte-Flanelle et défenseurs du fait français au Québec s’y étaient donnés rendez-vous, peu de temps avant le début de la partie opposant le Canadien au Lightning de Tampa Bay.

Malgré un froid mordant, ils étaient plus de 500, selon les organisateurs, à être venus exprimer leur mécontentement face à la récente nomination d’un entraîneur unilingue anglophone, Randy Cunneyworth, à la tête du club de hockey montréalais.

L’unilinguisme de M. Cunneyworth a soulevé un tollé au sein de la population québécoise, les critiques face à cette décision n’ayant cessé de se multiplier.

Publicité

La grande majorité des partisans de hockey qui convergeaient vers le Centre Bell ne se sont toutefois pas joints à la manifestation, quelques-uns refusant catégoriquement le drapeau québécois qu’offraient les militants du Mouvement Québec français (MQF) aux passants.

Les manifestants espéraient ainsi que les spectateurs agiteraient le fleurdelisé une fois assis dans les gradins. Les avis étaient partagés dans les files d’attente, certains Montréalais soutenant que c’était la victoire de leur club qui importait au final.

«Ce type de manifestation est totalement inutile. On parle d’un jeu ici, il n’y a pas de vie en danger. Alors pourquoi faire une polémique autour de ça?», a lancé Brian Doucette, ajoutant que la plupart des gens utilisaient des mots anglais pour discuter de hockey.

Le président du MQF, Mario Beaulieu, a soutenu que le déplacement de personnes au centre-ville prouvait que les Québécois étaient sensibles à l’anglicisation de l’unique club de hockey professionnel de la province. Il a ajouté que la direction du Canadien devrait témoigner d’un plus grand respect à l’égard de sa principale clientèle, compte tenu de l’importance accordée au hockey dans la Belle Province, qu’il a qualifié de «religion».

L’auteur Yves Beauchemin, qui était également sur place, a déclaré qu’il était temps, pour le Québec, de choisir s’il tener à demeurer francophone ou non. L’écrivain de 70 ans a souligné au passage ce qu’il a qualifié de médiocrité généralisée de la classe politique. Il a aussi déploré le fait que le premier ministre Jean Charest doive pratiquement quémander, selon lui, que la population soit servie en français.

Publicité

L’un des organisateurs, interphone à la main, interpellait la foule en énumérant une série de sujets — comme le transport en commun, l’affichage au centre-ville, le Canadien et son président, Geoff Molson —auxquels les militants répondaient à l’unisson avec un «en français!».

Des manifestants avaient adopté les formules propres au hockey pour les messages qu’ils brandissaient sur des affiches, allant du «Le français est en désavantage au Centre Bell» au «Le français est en jeu».

Pour Guy Lafortune, la manifestation de samedi soir revêtait une grande importance, comparant le Tricolore au sirop d’érable aux titres des symboles québécois.

«Le mea culpa de Pierre Gauthier, je n’y crois pas, la décision était déjà prise. Il nous prend vraiment pour des imbéciles de penser qu’on ferait de l’à-plat-ventrisme», a-t-il également affirmé, en référence aux excuses prononcées à mots couverts cette semaine par le directeur général du Canadien.

M. Gauthier a plaidé qu’il n’avait jamais eu l’intention d’offusquer les francophones québécois, qui représentent la majorité des partisans de l’équipe. Il a également fait savoir qu’il s’assurerait que le futur entraîneur-chef permanent, qui sera connu la saison prochaine, soit bilingue.

Publicité

Randy Cunneyworth, un ancien capitaine des Sénateurs d’Ottawa qui était le bras droit de Jacques Martin il y a encore quelques semaines, a été propulsé sous les feux de la rampe lorsque M. Gauthier, l’a nommé entraîneur-chef intérimaire. M. Martin a été remercié de ses services le 17 décembre dernier.

En deux ou trois occasions depuis sa nomination, lors de points de presse, Cunneyworth a prononcé de courtes phrases en français, mais ses rencontres avec les représentants de médias se déroulent en anglais.

Les futurs Nordiques

Par ailleurs, le premier ministre Jean Charest a laissé entendre, dimanche, que l’entraîneur d’une nouvelle équipe de la Ligue nationale de hockey à Québec devrait obligatoirement pouvoir parler français.

Le gouvernement du Québec a promis de défrayer la moitié des coûts d’un nouvel amphithéâtre, estimés à 400 millions $, qui doit être construit à Québec, dans l’espoir d’attirer une équipe qui remplacerait les Nordiques, déménagés au Colorado en 1995.

La Ville de Québec a conclu une entente de gestion avec le conglomérat Quebecor, qui souhaite obtenir une franchise de la LNH.

Publicité

Lors d’un point de presse à la centrale Robert-Bourassa, M. Charest a affirmé qu’il serait minimal que l’entraîneur d’une future équipe à Québec parle le français. «Au minimum», a-t-il laissé tomber.

M. Charest a ensuite provoqué les rires du maire de Québec Régis Labeaume, en se tournant vers lui, à ses côtés dans le cadre de cette mission de gens d’affaires de sa région.

«Si toutefois on est incapable de trouver un entraîneur francophone pour les Nordiques de Québec, j’ai une idée de qui pourrait faire la job», a-t-il dit en pointant vers le maire.

Tournant ainsi la question à la blague, le premier ministre a cependant indiqué que l’entente de gestion devrait prévoir de telles dispositions, ce qui n’est pas le cas actuellement. «Moi je pense que oui», a-t-il dit.

M. Labeaume a affirmé qu’il ne fallait avoir aucun souci sur la capacité de parler français d’un éventuel entraîneur. «Je n’ai aucune inquiétude, je regarde ceux qui sont avec nous et il n’y a aucune inquiétude; ça va parler français», a-t-il dit.

Publicité

Avant le match de samedi soir, quelques centaines de manifestants se sont massés devant le domicile du Canadien pour exiger que le club de hockey respecte davantage la langue française.

Avant les Fêtes, la nomination de l’unilingue anglophone Randy Cunneyworth à la barre du Canadien avait été dénoncée par la classe politique québécoise.

La ministre la Culture Christine St-Pierre a notamment affirmé que par «respect pour les partisans», la direction du Canadien doit s’assurer que son entraîneur-chef soit capable de s’exprimer en français.

Auteur

Partagez
Tweetez
Envoyez
Publicité

Pour la meilleur expérience sur ce site, veuillez activer Javascript dans votre navigateur