Après l’exaltation de Monet, dont L’Express a largement rendu compte, c’est au tour de Manet d’être mis en vedette cette année, avec une remarquable monographie, une exposition au Musée d’Orsay à Paris et un catalogue pour l’illustrer. Les amateurs d’art moderne ont de quoi se réjouir.
Mais qui était Manet?
C’est la question que l’on peut encore se poser après avoir pris connaissance de l’ouvrage, sorti le 20 avril dernier, de James H. Rubin, Manet, Flammarion, 2011, 31×24 cm, 416 p., très nombreuses illustrations.
«Manet (1832-1883), inventeur de la modernité en peinture: l’assertion, maintes fois formulée, est au moins suspecte. Pourtant l’idée demeure bien ancrée d’une éruption spontanée de l’art moderne vers 1863-1865, au moment où Manet expose publiquement Le Bain et L’Olympia, dérangeantes démonstrations virtuoses d’un peintre archi-cultivé qui aurait trop bien suivi les conseils de son maître le demi-classique Thomas Couture.
Cependant, comme toute rumeur persistante, celle-ci a un fond de vérité historique; le tout est de cerner de quelle histoire il s’agit.»
Cette puissante monographie, ainsi présentée, veut montrer quelle est la vraie place d’Édouard Manet dans l’histoire de la modernité: le peintre était ancré autant dans la vie que dans la peinture et s’attachait à réinventer l’une et l’autre. «Le langage plastique le plus novateur ne peut toucher le public que si l’artiste fait référence, sans les accepter forcément, à un système de conventions et à une série de faits connus de tous.» (p. 8)