Malversation et prévarication

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Publié 24/08/2010 par Jean-Luc Bonspiel

«Mentez, mes amis, mentez, je vous le rendrai un jour»
– François-Marie Arouet, dit Voltaire

Turpitude est un de ces mots rarement rencontrés dans la langue parlée sur lequel je suis récemment tombé en relisant un contrat de service qu’un employeur prospectif m’a demandé de signer.

Le contexte était une clause du document prévoyant la résiliation immédiate de l’entente si l’une des parties agissait de façon déshonorable ou ignominieuse (en induisant l’autre partie en erreur, par exemple). J’ai apposé ma signature au bas du document sans hésiter sur ce point, n’ayant a priori aucune objection à la moralité ou au respect des lois.

Un député qui en traite un autre de menteur en Chambre s’en voit expulsé s’il ne présente pas immédiatement ses excuses. Or, interdire le simple fait de constater un mensonge est une façon exquisément orwellienne d’éliminer les conséquences fâcheuses d’une conduite mensongère.

Bassesse et dépravation

La triste débâcle du sommet du G20 aura finalement servi à nous révéler que le chef de police est le véritable détenteur du pouvoir absolu à Toronto, vu qu’il peut mentir ouvertement et à plusieurs reprises sans s’attirer l’ombre d’une remontrance de la part du maire de la ville.

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Les autorités gouvernementales ont décidé de criminaliser la dissidence légitime en instaurant un climat de terreur et, comme c’est le cas dans tous les autres conflits semblables, la vérité est la première victime.

Le chef de police de Toronto a notamment menti:

• Lorsqu’il nous a assurés que sa police n’a pas ouvert le feu sur des manifestants pacifiques, alors que nombre d’entre eux ont été blessés par des balles en caoutchouc provenant d’armes policières;
• En affirmant que les armes émoussées de jeu de rôle médiéval qu’il a présenté aux média avaient été confisquées à des manifestants;
• En faisant accroire à la population qu’une zone d’exclusion s’étendant à 5 mètres au-delà du périmètre de sécurité existait dans laquelle la police pouvait perquisitionner qui que soit sans mandat.

Face de beu

Le chef de police Bill Blair doit être particulièrement sûr de la solidité de son pouvoir, pour ainsi défier ceux qui payent son salaire.

Dans notre société, une conduite vertueuse n’est effectivement imposée qu’à ceux qui n’ont pas le pouvoir de l’esquiver. Lorsque le rapport de forces est tel qu’une des parties à un conflit dispose d’une supériorité absolue sur l’autre, toute obligation morale disparaît devant la raison du plus fort.

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C’est notamment le cas des forces armées américaines qui ont procédé à l’enlèvement de combattants qui ont osé résister à leur invasion illégale de l’Afghanistan pour ensuite les emprisonner à perpétuité essentiellement parce que ces résistants n’avaient personne pour les défendre.

Pendant ce temps, l’ancien gouverneur déchu de l’Illinois, Rob Blagojevich, contre lequel toutes les autorités américaines concernées ont sévi avec acharnement, n’a finalement été reconnu coupable d’un seul des 24 chefs d’accusation qui pesaient contre lui. Son crime: avoir menti au FBI.

Quis custodiet ipsos custodes?

Un type comme le chef de police Bill Blair, qui nous ment effrontément soi-disant pour notre bien, racontera finalement n’importe quoi parce qu’il n’a pas de balises clairement identifiables pour guider sa conduite.

Essentiellement, il fait ce que bon lui semble dans son intérêt personnel, ce qui est contraire à son serment, qui vise théoriquement le bien commun.

Il a clairement violé sa parole d’honneur et les menteurs de son espèce ne doivent aucun cas superviser la sécurité du public. Il mérite au minimum un congédiement immédiat sans aucune forme de compensation, sinon une poursuite devant les tribunaux pour avoir si honteusement trahi la confiance de tous ceux qu’il avait pourtant juré de servir fidèlement.

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