Maintenez ou renforcez Cinéfranco

Lettre ouverte à Mme Madeleine Meilleur, ministre déléguée aux Affaires francophones de l’Ontario, pour le maintien ou, mieux encore, le renforcement de Cinéfranco:

À l’émission Le Téléjournal Ontario passée à 18 heures le jeudi 11 février 2016 aux antennes de Radio-Canada, j’ai eu l’honneur de dire tout le bien que je pensais de Cinéfranco. J’ai été consterné par la nouvelle de la suppression, par la Fondation Trillium de l’Ontario, d’une subvention cruciale pour l’existence de ce programme, le «Festival international du film francophone», qui existe depuis près de vingt ans et qui attire jusqu’à 5 000 cinéphiles.

Il est dirigé avec ferveur et dévouement par sa fondatrice et directrice générale et artistique, Mme Marcelle Lean, appréciée et respectée de toute la communauté francophone de Toronto.

Mes fils Adam (26 ans) et Luc (23 ans) ont la chance de bénéficier depuis leur plus tendre enfance de l’appui langagier que leur apportent les films sélectionnés par Cinéfranco. Je les ai menés dès le début à ce festival qui présente chaque année les meilleures productions originaires du Québec, de la France, de la Suisse, de la Belgique, du Maroc et d’autres pays.

Dans le milieu francophone minoritaire qui est le nôtre à Toronto, ce sont des organismes comme Cinéfranco qui ont grandement contribué à la maîtrise que mes fils ont aujourd’hui du français. En fin de semaine, nous allions parfois voir quatre films dans la même journée.

Aujourd’hui, mon fils Adam est enseignant à l’école élémentaire La Mosaïque, à Toronto. Luc, quant à lui, quadrilingue – français, anglais, espagnol et mandarin – étudie les Relations internationales au collège Glendon. J’aimerais que les générations actuelles et futures continuent de tirer parti des ressources linguistiques et culturelles offertes par Cinéfranco.

À mon avis, supprimer une telle subvention reviendrait à compromettre la survie d’un programme utile à maints égards, en contribuant de fait à éliminer ou à affaiblir peut-être irrémédiablement un festival si éducatif, si intéressant tant pour les adultes que pour les jeunes et les enfants. Le nombre de francophones et de francophiles à Toronto est loin d’être négligeable. En outre, il y a un bon nombre d’écoles françaises et d’immersion, dont les élèves, tout comme mes fils, pourraient continuer de profiter des films francophones présentés par Cinéfranco.

Ma profonde gratitude à des personnalités anglophones de la stature de Mme Lisa Balfour Bowen, la présidente fondatrice, et de M. John Ralston Saul, fondateur et président d’honneur, qui aident à faire valoir les atouts du français dans leur site Le français pour l’avenir , lequel rappelle les atouts du français sans dénigrer ni rabaisser de cultures. Inspirons-nous de leur démarche proactive!

À la fin de l’émission, le journaliste Kevin Sweet a signalé que vous alliez parler de la situation au ministre de la Culture. J’espère que vous convaincrez M. Michael Coteau qu’il y a lieu non seulement de rétablir le financement, mais aussi de l’accroître de façon substantielle vu la hausse des coûts de présentation des films découlant de la baisse du dollar canadien par rapport à d’autres devises, dont l’euro.

Points à l’appui du maintien ou, mieux encore, du renforcement de Cinéfranco :

• Films tous présentés avec des sous-titres en anglais pour en faciliter la compréhension
• Grand pouvoir d’attraction du Festival. Jusqu’à 5 000 cinéphiles. Dix-neuf années de succès ininterrompus jusqu’ici. Retombées positives sur l’économie
• Rayonnement international rejaillissant sur la réputation de Toronto, de l’Ontario et du Canada
• Ce festival aide les enfants, les jeunes et les adultes à apprécier l’autre langue officielle du Canada et, s’ils le désirent, à parvenir à la maîtriser
• Évènement qu’on pourrait qualifier d’intérêt public en ce qu’il contribue
grandement à la vitalité langagière et culturelle de Toronto

Dernier point, mais non le moindre :
• Personnalité chaleureuse et dynamique de Mme Marcelle Lean, la fondatrice éclairée et dévouée qui ne ménage pas ses efforts pour partager sa passion du cinéma auprès d’un public enthousiaste. Elle crée une atmosphère inclusive et accueillante qui me rappelle des scènes humanistes du film Cinéma Paradiso.

Mme la ministre déléguée aux Affaires francophones, je vous souhaite tout le succès possible dans votre entretien avec le ministre de la Culture, M. Michael Coteau. J’espère que vous parviendrez tous les deux à consolider durablement les bases de financement de Cinéfranco pour le plus grand bien de toute la population de l’Ontario.

Je vous remercie de votre attention et vous prie d’agréer, Mme la Ministre, l’assurance de ma très haute considération.

* * *

À lire dans L’Express: Cinéfranco reporté au mois d’octobre