Quand des Occidentaux partent combattre l’État islamique

Ma Guerre, de Julien Fréchette, aux Hot Docs

Ma Guerre
Image du documentaire Ma Guerre, de Julien Fréchette, aux Hot Docs.
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Publié 24/04/2018 par Camille Simonet

«Les Lions de Rojava», «Dwekh Nawsha»… Nombreux sont les groupes d’Occidentaux qui sont partis en Syrie combattre l’État islamique (EI) et grossir les rangs des milices kurdes.

Fasciné par la question kurde, le réalisateur Julien Frechette lève le voile sur ce phénomène dans son documentaire Ma Guerre produit par l’ONF et dont la première aura lieu le 29 avril aux Hot Docs 2018 sous le titre My War,

C’est au cours d’un voyage au Kurdistan syrien que le Québécois rencontre l’un de ces combattants. «C’est vraiment resté dans ma tête parce que c’était la première fois que j’allais dans une zone de conflit. Je me sentais impuissant face à la misère que j’y découvrais, et c’est là que je suis tombé sur l’un de ces volontaires occidentaux. Le suivre est apparu comme un bon angle», raconte-t-il.

Pendant un an et demi de tournage et deux segments de dix jours sur place, il a décrypté les raisons qui poussent ces Occidentaux à tout quitter pour se rendre de leurs propres moyens au front.

L’EI à la mode

Bien que Ma Guerre traite de l’État islamique, ce n’était pas l’idée de base de Julien Fréchette, qui voulait se centrer sur le conflit kurde. Or, cette idée de documentaire datant de cinq ans n’attirait pas beaucoup de commanditaires.

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Mais dès lors que Daesh est devenu acteur de cette guerre et point central du documentaire, le financement a été possible. Il faut dire le groupe terroriste souffre d’un effet de mode dans le monde des documentaires.

Daesh 15 ans de terreur, Daesh contre Jésus, Leur guerre à elles: les femmes contre Daesh, Sur la route de Raqqa, etc. L’EI est devenu ce mal du siècle sur lequel les réalisateurs du monde entier se penchent.

Julien Fléchette, ici, en documente une nouvelle facette. «Ce phénomène des gens qui viennent de l’extérieur pour combattre a toujours existé. La guerre répond à un besoin d’adrénaline humain. Ma Guerre explore également cette zone grise entre humain et guerre», analyse-t-il.

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Wali documente son expérience.

Wali et Hannah Böhman

Le documentaire se découpe en plusieurs points de vue d’Occidentaux partis au Kurdistan syrien et irakien. Il y a d’un côté Wali, Québécois, ex-tireur d’élite du 22e Régiment qui éprouve le besoin quasi viscéral de faire la guerre.

Néanmoins, cette fois-ci, il compte plutôt retranscrire son expérience, en faisant lui aussi un documentaire. Une sorte de mise en abîme pour Ma Guerre donc, qui se remplit aussi de contrastes avec son autre personnage central, Hannah Böhman, originaire de la Colombie-Britannique.

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Droguée à l’actualité et fatiguée de sentir impuissante, elle rejoint l’Unité de protection de la femme, une organisation militaire kurde composée uniquement de femmes. On suit son expérience à travers son quotidien qu’elle filme à la manière d’une vloggeuse.

Julien Fréchette n’aurait pas eu la possibilité de rejoindre un campement de femmes autrement.

D’autres «personnages» périphériques marquants apparaissent dans le long-métrage. C’est le cas de Thierry, un volontaire français, qui ne mâche pas ses mots sur la situation syrienne: «C’est un pays merveilleux où tout est autorisé et rien n’est interdit et plus c’est le bordel, plus j’aime!», s’exclame-t-il lors de scènes d’explosions.

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Hannah a rejoint un campement de 25 femmes.

Immersion brutale

À mesure que les témoignages s’enchaînent et que les protagonistes principaux livrent leur point de vue, on comprend vite que les circonstances ne sont pas si merveilleuses que ça.

Julien Fléchette a d’ailleurs tenu à le signifier dès la première scène du film, en ouvrant sur l’enterrement d’un de ces combattants occidentaux, William Savage, tué au front.

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«Je voulais faire un rappel que même si ça paraît léger, ce genre de comportement entraîne des risques funestes», insiste-t-il.

Ce n’est pas Wali et Hannah qui diront le contraire. Les deux sont ressortis avec des séquelles physiques et mentales de leur engagement.

Wali rêve souvent de son expérience et n’est plus avec sa copine, sûrement incapable de comprendre ce qu’il a vécu.

Hannah, elle, est complètement désabusée et incapable de reprendre une vie normale. Le même désir les anime cependant: y retourner coûte que coûte.

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Les Kurdes ont perdus tout les zones contrôlées lors du tournage.

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