Louise Lecavalier, l’icône incontestable de la danse contemporaine, nous avait livré, il y a à peine un an, dans le cadre du festival Luminato, sa première création chorégraphique, So Blue, un spectacle où la danseuse au talent inouï se jette dans une danse exaltée à la fois poétique, sauvage et viscérale – déployée en deux temps: d’abord en solo, puis en duo syncopé avec le danseur français Frédéric Tavernini – nous transportant dans un espace bleu totalement hypnotisant.
Au son des percussions et des pulsations soufistes de Mercan Dede (alias Arkin Allen), compositeur turc établi à Montréal, cette œuvre où se marie vitesse, lenteur, abstraction et théâtralité, nous dévoile le corps de Lecavalier, un corps mince, noueux, souple, impétueux, frénétique, dépassant les limites du périlleux dans un abandon absolu au mouvement et à la musique comme si chaque note était dansée.
À 56 ans, l’ex-égérie de La La La Human Steps affirme en entrevue à L’Express être plus libre que jamais dans ce corps qui devient un objet de jeu et de défi.
«Quand j’ai commencé dans la danse, j’étais impatiente avec mon corps, plus maintenant… Je parle du corps physique bien sûr, mais aussi du corps psychique. J’ai appris à être patiente avec mon corps, c’est un instrument que je peux faire vibrer avec intensité.»
«Le corps est capable d’aller plus loin qu’on le pense. Oui, il y a la peur de ne pouvoir aller plus loin, mais dès que je bouge et que je rentre dans le mouvement, mon esprit se libère de la peur.»