L’Ontario français perd un précieux outil de mémoire collective

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Publié 19/08/2008 par Richard St-Georges

Aujourd’hui, la communauté franco-ontarienne est en deuil car elle a perdu son outil de mémoire collective par excellence, le spectacle à grand déploiement L’Écho d’un Peuple.

La direction du spectacle a annoncé le 11 août dernier que le spectacle ne reviendrait pas en 2009. Naturellement, un manque à gagner dans la vente de billets en 2008 a été invoqué. Un spectacle de cette envergure, ça coûte… et le public ne semble pas avoir répondu au rendez-vous en assez grand nombre en 2008.

On peut blâmer le prix de l’essence, le 400e de Québec, l’été moche que nous vivons et j’en passe, mais tous ces facteurs ne sont pas insurmontables. Ce qui a usé les artisans du spectacle c’est le manque d’appui de la communauté et surtout de tous les paliers de gouvernement dès les tout débuts de sa conception. Ils se sont fait critiquer, blâmer, et même insulter et accuser. Certains médias francophones et mêmes certains organismes francophones se sont fait un plaisir de les dilapider.

C’est certain qu’il y a eu des erreurs de tir et quelques décisions moins bien étudiées… mais après tout, c’était la première fois que l’Ontario français montait un spectacle de cette ampleur. Alors, tous et chacun se sont cachés sous des prétextes douteux pour éviter de les appuyer au lieu d’essayer les aider.

Certains diront que le spectacle était sur le «respirateur artificiel» depuis les difficultés financières connues en 2005. On a juste à observer la passion dans les yeux de l’équipe artistique et de tous les bénévoles pour savoir que c’était loin d’être le cas. On a juste à s’imbiber des émotions qu’ils nous ont fait vivre tout au long du spectacle pour comprendre qu’il était bien vivant.

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Et que dire de la magie du spectacle qui a fait vibrer la glorieuse histoire de la francophonie ontarienne à travers le temps. Toutes les personnes qui ont vu le spectacle se sont faites insuffler un vent de fierté.

Et que dire des élus… Oui, chers élus, la communauté francophone de l’Ontario a besoin de plus d’appui pour survivre que la communauté anglophone. Nous comptons seulement pour 5% de la population totale de la province. Nous puisons nos appuis auprès de quelques 600 000 francophones, tandis que la communauté anglophone compte sur plus de 11,5 millions de gens. Faites le calcul !

L’Écho d’un Peuple s’était l’héritage de toute une communauté,
NOTRE communauté. Nous le perdrons cette année majoritairement à cause de la bêtise humaine. On dirait presque qu’on aime mieux voir les gens échouer que réussir.

En ma qualité de président de la Société franco-ontarienne d’histoire et de généalogie, je me dois de lancer un message à tous les francophones de l’Ontario. Nous devons absolument mettre nos différences de côté et apprendre à travailler ensemble pour assurer notre pérennité. Il en va de notre survie. Nous devons être fiers de nos institutions, de nos organismes, de nos festivals et événements et y contribuer activement. Sinon, nous les perdrons comme nous venons de perdre L’Écho d’un Peuple.

Au président de L’Écho d’un Peuple, Me Ron Caza, au directeur général, M. François Désormeaux, au directeur artistique M. Félix St-Denis, et à tous les membres de leurs équipes actuelles et passées… Chapeau!

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Aux milliers de bénévoles qui ont été le cœur et qui seront dorénavant l’âme du spectacle, merci d’avoir fait vibrer la francophonie ontarienne au rythme des quatorze tableaux de L’Écho d’un Peuple.

Mais surtout, merci aux visionnaires du début des années 2000 qui ont cru que l’Ontario français méritait rien de moins qu’un spectacle de ce calibre.

Je vous laisse en citant mon collègue, Gilles Levasseur, président du Regroupement des organismes du patrimoine franco-ontarien qui commentait il y a quelques semaines la démolition d’un édifice patrimonial de Kapuskasing par la municipalité: «La mémoire a été donnée à l’humain pour ne pas qu’il répète les mêmes erreurs.»

Je souhaite sincèrement que la leçon ait été apprise et j’ose espérer que nous, l’Ontario français, allons nous réveiller collectivement avant qu’il ne soit trop tard.

L’auteur est président de la Société franco-ontarienne d’histoire et de généalogie

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