L’Ontario à l’avant-garde de la francophonie canadienne

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Publié 14/07/2009 par Maxim Jean-Louis, pdg Contact Nord

Avec l’adoption par le gouvernement provincial de la nouvelle définition inclusive (DIF) de francophone le mois dernier, l’Ontario compte désormais 50 000 francophones de plus. Cette redéfinition, plus inclusive et censée reflèter davantage la diversité des communautés francophones, constitue un geste audacieux dans la reconnaissance de la francophonie ontarienne.

Cette décision du gouvernement actuel transcende même les frontières jusqu’auxquelles son pouvoir s’exerce. L’Ontario fait preuve d’un leadership exemplaire et se démarque au sein de la fédération canadienne en décidant d’aller de l’avant avec une définition plus inclusive de ce qu’est un francophone. De plus, les Franco-Ontariens peuvent être fiers de voir leur communauté devenir à la fois plus diversifiée et rassembleuse que jamais.

Cette nouvelle définition est grandement plus représentative que celle présentement retenue par le gouvernement fédéral. En effet, la méthode de calcul du gouvernement du Canada ne prend pas en considération l’évolution des communautés francophones à travers le pays.

Statistiquement parlant, les francophones étaient jadis définis comme ceux ayant comme langue maternelle le français. Or, cette nouvelle définition inclut ceux qui ont une bonne connaissance du français comme langue officielle, même si leur langue maternelle n’est ni le français ni l’anglais.

Il s’agit également de personnes qui font usage du français à la maison, ce qui signifie un grand nombre de nouveaux arrivants en Ontario.

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Une redéfinition qui tombe à poin

Alors que nous célébrons actuellement la 20e année de l’entrée en vigueur de la Loi sur les services en français (Loi 8), le geste posé par le gouvernement ontarien constitue un second souffle à la volonté de celui-ci d’être un modèle à suivre de pluralisme et d’ouverture culturelle.

Depuis quelques années maintenant, la francophonie ontarienne ne dépend plus que du taux de natalité ou de l’arrivée de francophones des autres provinces pour se renouveler.

Dorénavant, la riche diversité de la francophonie ontarienne sera reconnue aux quatre coins de la province.

Cette redéfinition n’est pas un cadeau qui est faite aux francophones de la province. Au contraire, il s’agit d’un geste tout à fait logique qui reconnaît un état de fait et qui facilitera la capacité du gouvernement et de divers intervenants à mieux répondre aux besoins de tous les francophones de la province.

Outil pour les nouveaux arrivant

Il s’agit bien sûr d’un outil de plus pour permettre aux nouveaux arrivants francophones de s’établir et de s’épanouir au sein de la francophonie ontarienne. Qu’ils soient venus d’Afrique de l’Ouest, du Moyen-Orient, d’Europe, du Maghreb, d’Asie ou d’Haïti, chaque personne nouvellement reconnue comme francophone vient enrichir par sa culture, ses connaissances et ses mots, notre société.

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Par ailleurs, il est important de souligner à mon avis, que la définition inclusive de francophone n’est pas uniquement axée sur les nouveaux arrivants. En effet, la DIF permet à ces familles composées d’un parent anglophone et d’un autre francophone, d’être considérées comme francophones. Ces familles exogames représentent aujourd’hui près de 65% des foyers francophones.

La nouvelle méthode de calcul retenue par le gouvernement de l’Ontario permet de considérer comme étant francophones les familles où l’on parle également le français à la maison et non seulement les familles où l’on ne retenait que le critère de langue la plus souvent parlée à la maison, celle-ci étant souvent l’anglais. Voilà une bonne nouvelle dont les implications se feront sentir pour des années à venir.

Nombreux sont les enfants issus de ces familles qui fréquentent l’école de langue française. En considérant et en reconnaissant ces enfants comme francophones, le gouvernement améliore les conditions pour les communautés minoritaires francophones à développer leur identité et à entretenir le sentiment d’appartenance et de fierté.

Au-delà des mots: des droit

Une définition statistique n’a certainement pas la même force qu’une loi sur le plan légal bien entendu. Or, il faut préciser que la définition inclusive de francophone modifie le profil statistique de la communauté francophone de la province.

Étant donné que les ministères sont sujets au respect de la Loi sur les services en français, et que le gouvernement maintient son engagement à offrir ces services, on peut s’attendre à ce que la DIF appuiera la capacité de certaines communautés à justifier leurs démarches pour bénéficier des dispositions de la Loi. La désignation de la Loi sur les SEF reconnaît à la fois une réalité démographique et politique d’une communauté.

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Concrètement, la DIF comporte d’importantes retombées pour les communautés francophones d’Ontario qui sauront en tirer profit. Il y a fort à parier que les services gouvernementaux dans les secteurs tels que l’immigration et les soins de santé seront adaptés. De plus, les nouveaux arrivants francophones ne pourront être que plus nombreux en sachant qu’ils bénéficient de cette reconnaissance ce qui n’était auparavant pas le cas, puisque ces groupes linguistiques étaient déterminés en fonction de leur langue maternelle respectives, qui n’étaient pas le français.

Dorénavant, ces «néo Franco-Ontariens» ont droit aux services en français en Ontario et à l’instruction en langue française. Ainsi, l’adoption de la DIF permet une réflexion sur les critères d’admissibilité de nouveaux élèves qui, jusqu’à présent, n’ont pas été des ayants droit dans les écoles francophones de la province.

Si le passé est garant de l’aveni

Inutile de remonter très loin dans l’histoire de l’Ontario pour réaliser, qu’à l’échelle canadienne, notre province a eu à relever des défis de taille dans les grands enjeux liés au développement des communautés francophones minoritaires.

Sans compter que certains acquis sont parfois plus fragiles que ce que l’on peut s’imaginer. À cet égard, rappelons-nous du débat et de la mobilisation de cinq ans qui s’est organisé pour sauver l’Hôpital Montfort.

Cependant, nul ne peut nier qu’une véritable volonté d’améliorer le sort des communautés francophones en Ontario existe présentement. En effet, la DIF est d’abord et avant tout la première recommandation issue du premier rapport annuel du commissaire aux services en français de l’Ontario, François Boileau.

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En soulignant encore le leadership et l’audace de l’adoption de la DIF, célébrons la croissance de la population francophone en Ontario en tant qu’une des «caractéristiques permanentes et essentielles du tissu constitutionnel canadien».

Continuons à porter avec fierté le flambeau du pluralisme culturel, de l’ouverture et de l’épanouissement de la communauté franco-ontarienne et préparons-nous à mettre en œuvre les mesures concrètes qu’entraînera cette nouvelle définition.

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