L’ONF partenaire de la semaine de sensibilisation aux maladies mentales

Ça tourne dans vos têtes?

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Publié 05/10/2010 par Guillaume Garcia

Dans le cadre de la semaine de sensibilisation aux maladies mentales qui se déroule du 3 au 9 octobre partout au Canada, l’Office national du film présente un documentaire poignant, réalisé par l’Acadienne Louiselle Noël. Diagnostiquée souffrante de bipolarité cycle court à l’âge de 40 ans, elle a longtemps caché sa maladie à ses proches. Après plusieurs années de réflexion, elle se lance dans la réalisation d’un film-documentaire sur les enfants souffrant de maladies mentales, intitulé Ça tourne dans ma tête. Il sera diffusé aux quatre coins du Canada, pendant la semaine de sensibilisation dont deux fois à Toronto, les 5 et 7 octobre prochains à l’ONF.

Ça tourne dans ma tête «a mijoté longtemps», indique Louiselle Noël. «J’ai un rapport très personnel au film. Je l’ai proposé à l’ONF, j’ai fait plusieurs rapports, puis est venue la réalisation. Ça a pris trois ans en tout.»

Diagnostiquée à 40 ans, la réalisatrice est malade depuis son plus jeune âge et le cache. Seul son mari est au courant. «Je le camouflais. Je vivais mes dépressions et mes sautes d’humeur seule». Depuis, elle prend des médicaments à vie et tout va mieux. «Le traitement m’a stabilisée», indique-t-elle.

Pour les besoins du film, et pour faire connaître au mieux les maladies mentales et ceux qui en souffrent, Louiselle Noël a rencontré plusieurs familles, quatre au total, qui ont bien voulu parler devant la caméra de leur vie et de celles de leurs enfants.

Le fait qu’elle-même soit sous médication a certainement joué en sa faveur pour obtenir les témoignages des familles reconnaît la réalisatrice: «Ça a donné confiance aux familles, ça les a rassurées et elles ont voulu témoigner à leur tour».

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Le film donne la parole aux parents qui racontent leurs difficultés, le regard des gens et aussi, souvent, la méconnaissance du sujet par les médecins de famille, qui n’ont pas le réflexe d’envoyer les jeunes consulter un pédopsychiatre.

Mais le film donne surtout une voix aux jeunes malades, David, Blanche-Véronique, Brandon et Erynn. De manière crue, ils livrent leur vision de la maladie, des conséquences sur leur comportement. Très jeunes, comme David, ils sont conscients de leur différence et du regard des autres envers leur comportement. Blanche-Véronique, la plus âgée des jeunes interviewés avait d’abord refusé de participer au documentaire avant que Louiselle ne parvienne à la convaincre. «Je l’ai encouragée», explique l’ancienne étudiante de Moncton.

Pour ce qui est de la difficulté à obtenir les témoignages des enfants, le verdict est surprenant. «Ça a été plus facile que je le pensais», assure Louiselle. «J’ai fait les entrevues le plus normalement possible et ils ont rapidement oublié la caméra.»

D’un certain côté, les jeunes, même s’ils souffrent et doivent prendre des médicaments à vie, dont certains sont dangereux pour leur santé, comme Blanche-Véronique, ont eu l’opportunité de bénéficier d’un diagnostic tôt dans leur vie. «C’était pas comme ça il y a 40 ans. Si j’avais su, j’aurais été traitée plus tôt», explique la réalisatrice du film. Elle regrette toutefois de ne pas avoir voulu admettre la maladie: «J’étais en déni», lâche-t-elle.

Ce film, présenté par l’ONF a pour but d’ouvrir les yeux au public, au corps médical, aux écoles sur ces gens, atteints de maladies mentales. Une maman dans le reportage s’indigne que certains appellent encore ces malades-là des «fous». Selon Louiselle Noël, ce constat est malheureusement encore vrai. «Il y a beaucoup de stigmatisation. On est traité de lâche, de paresseux».

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Présenté au Festival international du film francophone en Acadie le 26 septembre devant deux salles combles, Ça tourne dans ma tête a permis à Louiselle Noël de revoir tous les participants au documentaire et elle avoue suivre le cheminement des jeunes, surtout celui de Blanche-Véronique, avec qui elle a noué une amitié particulière.

Louiselle Noël se concentre, depuis Ça tourne dans ma tête, sur son prochain documentaire, qui a pour sujet la délinquance adolescente en milieu carcéral.

Présenté les 5 (en anglais) et 7 octobre (en français) à la médiathèque de Toronto Office national du film

Auteur

  • Guillaume Garcia

    Petit, il voulait devenir Tintin: le toupet dans le vent, les pantalons retroussés, son appareil photo en bandoulière; il ne manquait que Milou! Il est devenu journaliste, passionné de politique, de culture et de sports.

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