L’obésité chez les enfants: agissons maintenant

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Publié 28/11/2006 par Diane Finegood (INMD) et Laurette Dubé (Univ. McGill)

Pour la première fois depuis la révolution industrielle, la nouvelle génération pourrait vivre moins longtemps que celles qui l’ont précédée.

Près d’un enfant canadien sur trois souffre de surpoids ou d’obésité, et les taux d’obésité ont triplé au cours des 30 dernières années. Il est probable qu’un enfant sur trois nés en 2000 souffre de diabète à un moment de sa vie, et cette maladie frappe de plus en plus durant l’enfance, l’adolescence et le début de l’âge adulte. Étant donné que la cécité et l’insuffisance rénale/cardiaque tendent à survenir de 10 à 15 ans après un diagnostic de diabète, la vie de nos enfants risque d’être non seulement plus courte, mais aussi de moindre qualité.

L’épidémie d’obésité chez les enfants au Canada et ailleurs dans le monde menace de devenir le problème de santé publique numéro un du XXIe siècle. La société moderne, avec ses progrès technologiques et sa fixation sur la croissance économique et la consommation, a engendré des milieux physiques, sociaux et économiques qui nous poussent constamment à la surconsommation et à l’inactivité. Les enfants sont spécialement vulnérables à ces influences puisqu’ils ne sont pas encore maîtres de leur environnement.

Nos environnements déterminent dans une large mesure si nos enfants peuvent marcher jusqu’à l’école en toute sécurité ou s’ils doivent emprunter les transports en commun, s’il est plus facile pour eux de suivre les autres dans l’ascenseur ou de prendre l’escalier, ou encore si la malbouffe leur est plus facilement accessible que les aliments nutritifs. Étant donné que les parents, les enseignants, les décideurs et l’industrie alimentaire façonnent tous l’environnement des enfants depuis la maison jusqu’à l’école et au magasin, ils doivent joindre leurs efforts pour favoriser un assainissement des habitudes de vie en faisant en sorte qu’il devienne possible, facile et normal de faire des choix santé.

Pour combattre l’obésité, nous devons modifier notre culture et notre environnement afin qu’un mode de vie sain devienne la «nouvelle norme». La pression sociale, la sensibilisation, les campagnes publicitaires et la réglementation gouvernementale ont réussi à stigmatiser des comportements malsains comme l’abus d’alcool ou la conduite en état d’ébriété. Ces comportements, autrefois socialement acceptables, sont devenus mal vus et inacceptables.

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Pareillement, pour changer les habitudes alimentaires et encourager l’activité physique, nous devons tous passer à l’action pour que les choix santé deviennent la nouvelle norme. Les organismes de santé, les gouvernements, l’industrie et les particuliers ont le pouvoir et l’obligation d’agir dans leur propre sphère d’influence pour créer des environnements sains pour nos enfants, nos amis et nos familles, ainsi que pour les étudiants, les travailleurs et les clients.

L’un des acteurs les plus difficiles à convaincre, mais qui dispose d’armes clés dans la lutte contre l’obésité chez les enfants, est l’industrie alimentaire. Cette industrie doit intégrer la responsabilité sociale comme mesure de sa performance, ce qui implique de devenir un participant actif dans la recherche de solutions innovatrices à des enjeux de société comme l’obésité chez les enfants.

Malheureusement, la santé figure trop loin dans la liste des priorités de l’industrie agro-alimentaire. Cependant, les acteurs de l’industrie doivent reconnaître qu’ils favorisent la surconsommation lorsqu’ils associent la valeur d’un aliment à sa quantité et qu’ils font la promotion d’aliments densément caloriques par un marketing intense.

Les organismes de santé et les gouvernements devraient se positionner pour devenir les moteurs du changement. Ils doivent dépasser la simple planification d’interventions politiques pour mobiliser tous les secteurs autour de la promotion d’un mode de vie sain. Pour que cela puisse arriver, nous devons supprimer les barrières qui séparent trop souvent l’industrie alimentaire (du terroir à l’assiette), les organismes de réglementation des aliments, les décideurs, les praticiens de la santé, le milieu universitaire et les chercheurs en santé.

Les décideurs sont particulièrement bien placés pour influencer le marché. Ils doivent envisager nos investissements et nos politiques commerciales dans le secteur agro-alimentaire sous l’angle de leurs retombées sur la santé. Le soutien à la culture des fruits et légumes, plutôt qu’à la surproduction de denrées comme le maïs, permettrait d’orienter la chaîne alimentaire vers la qualité plutôt que la quantité dans la recherche de valeur ajoutée. Par une réglementation plus judicieuse et d’autres types d’interventions législatives, les gouvernements peuvent faciliter l’accès aux produits sains.

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Nous devons prendre collectivement la responsabilité d’investir le temps et l’énergie nécessaires à créer les conditions propices à l’émergence d’une nouvelle norme, plus saine.

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