Il y a 200 ans, le 4 janvier 1809 très exactement, naissait Louis Braille dans une petite bourgade rurale proche de Paris. Son père, bourrelier, travaille le cuir pour fabriquer ou entretenir les nombreux articles en cette matière. Son fils aime jouer dans l’atelier avec des outils de son père. Un jour, il se blesse avec un instrument servant à percer des trous et perd un œil. Puis l’autre œil s’infecte. À cette époque, on connaissait encore mal les problèmes d’infection et il était courant que la perte accidentelle d’un œil entraîne la perte de l’autre. À 3 ans, Louis est aveugle.
Mais ses parents ne perdent pas la partie et veulent lui assurer une bonne éducation malgré ce handicap, ce qui se fait avec l’aide du curé et de l’instituteur. L’enfant va donc à l’école primaire du village et se montre un excellent élève, retenant par cœur ses leçons. À 10 ans, il est admis à l’Institut royal des jeunes aveugles à Paris (Louis XVIII règne alors), grâce à une bourse d’études. Il y apprend à lire les lettres en relief, faites de fils de cuivre pressés sur une page pour donner la forme des lettres.
À l’institution, Louis Braille se révèle très vite un élève doué. Il réussit dans toutes les disciplines enseignées, qu’il s’agisse de tâches manuelles ou de travaux intellectuels. Voici ce que dit le Dr Pignier, directeur de l’Institut: «Doué d’une grande facilité, d’une intelligence vive et surtout d’une rectitude d’esprit remarquable, il se fit bientôt connaître par ses progrès et ses succès dans ses études. Ses compositions littéraires ou scientifiques ne renfermaient que des pensées exactes; elles se distinguaient par une grande netteté d’idées exprimées dans un style clair et correct. On y reconnaissait de l’imagination; mais celle-ci était toujours dirigée par le jugement.»
Louis Braille n’a pas 15 ans lorsqu’on lui confie certaines responsabilités d’enseignement, notamment à «l’atelier de chaussons de lisières», c’est-à-dire faits d’une étoffe grossière, que l’on met aux nouveau-nés ou que les adultes portent la nuit pour se préserver du froid. En 1828, il devient «répétiteur», puis «professeur». Il enseigne différentes matières: grammaire, histoire, géographie, arithmétique, algèbre, géométrie, piano, violoncelle.
Il compose aussi des traités bien conçus, comme son traité d’arithmétique, imprimé en relief, qui est un modèle de précision et de concision. «Nos procédés d’écriture et d’impression, disait-il, occupent beaucoup de place sur le papier; il faut donc resserrer la pensée dans le moins possible de mots.» L’impression en relief consistait en effet à utiliser des caractères typographiques – des pièces métalliques ayant en relief le dessin en miroir d’une lettre ou d’un signe – pour gaufrer par pression le papier qui prend la forme de la lettre. Un procédé complexe et lent qui faisait dire à l’abbé Carton, directeur de l’école pour aveugles de Bruges, en Belgique: «À Paris, il n’y a que 3 ou 4 aveugles sachant écrire.»