L’intégrisme est «à des années-lumière de la démocratie»

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Publié 21/12/2009 par David Caron

Alors que les Suisses ont récemment voté en faveur de l’interdiction de la construction de minarets et que le gouvernement canadien a publié un nouveau guide de citoyenneté définissant les valeurs canadiennes, le débat sur les accommodements raisonnables reste un sujet délicat pour les populations occidentales.

Auteure du livre Ma vie à contre-Coran, une femme témoigne sur les islamistes, Djemila Benhabib, rencontrée au récent Salon du livre de Toronto, est une femme de convictions qui n’a pas peur de semer la controverse.

Née en Ukraine d’un père algérien et d’une mère chypriote, elle a grandi en Algérie. Ayant reçu des menaces de mort en 1994 en raison de son militantisme en faveur de la démocratie, elle a immigré en France avec sa famille.

C’est là-bas qu’elle s’est rendu compte que le sectarisme était encore bien présent chez certains immigrés musulmans d’origine maghrébine. Quelques années plus tard, elle décide de s’installer de manière définitive au Canada.

David Caron est étudiant en journalisme 
à la Cité collégiale à Ottawa

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«Je suis devenue une féministe très jeune. J’ai vu les injustices qui se passaient dans mon pays», se souvient-elle.

Le multiculturalisme ne tient plus

La question sur l’intégrisme musulman a repris avec vigueur lorsque la population suisse a voté à 57% dans un référendum contre l’édification de minarets.

La ministre de la Police et de la Justice suisse, Éveline Widmer-Schlumpf a par la suite affirmé que le résultat reflétait «l’expression de certaines craintes au sein de la population au sujet des courants islamistes extrémistes qu’il faut prendre au sérieux».

Pour Djemila Benhabib, «le résultat du référendum a été un message clair de la population suisse. Ce n’est pas une victoire de l’extrême droite, mais plutôt un signe de l’échec de la politique.

Les politiciens ont été incapables de centrer le débat. Peut-on encore accepter les pratiques de gens qui sont à des années-lumière de la démocratie? La réponse est non.»

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Selon elle, le Canada fait face à un problème gigantesque et le multiculturalisme autrefois défendu par le gouvernement ne tient plus.

«Le Canada est fort sur les droits, mais faible sur le devoir que les nouveaux arrivants doivent accomplir. En permettant aux autres de reproduire des mauvaises pratiques venant de leurs pays d’origine, les femmes sont toujours perdantes. Ce qui est dérangeant avec les accommodements, c’est que le croyant est toujours au-dessus de la loi», déplore-t-elle.

Converger vers des valeurs communes

«Je considère que nous devons converger vers des valeurs communes, soit la laïcité, la neutralité et l’égalité des chances. Sans ces trois valeurs, il n’y a pas de ciment», poursuit-elle.

Si la charte de Hérouxville avait provoqué un débat national en 2007, la militante des droits de la personne fait remarquer que le gouvernement conservateur a récemment repris certains éléments de ce document dans son nouveau «Guide de la citoyenneté», rendu public le mois de novembre dernier.

«L’ouverture et la générosité du Canada excluent les pratiques culturelles barbares qui tolèrent la violence conjugale, les meurtres d’honneur, la mutilation sexuelle des femmes ou d’autres actes de violence fondée sur le sexe», peut-on lire à la page 9.

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L’objectif de Mme Benhabib n’est pas d’encourager la discrimination. «Il y a de la place pour tous ceux qui veulent adopter les valeurs du pays hôte.

Ils peuvent quand même y ajouter certaines petites touches […] C’est un combat difficile, mais je ne me considère pas citoyenne d’un pays en particulier, je préfère dire que j’appartiens à l’humanité», conclue-t-elle.

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