«Les journaux, et les médias en général sont des outils de mobilisation populaire – ils favorisent le resserrement des liens entre les membres de la communauté. Ils permettent également de laisser une trace des événements qui ont marqué notre histoire… la relation entre un moyen de communication et sa communauté est une relation dynamique: l’un renforce l’autre. Ceci est encore plus évident dans le cas des communautés linguistiques minoritaires.»
C’est ce qu’a déclaré le commissaire aux langues officielles, Graham Fraser, lors d’une allocution prononcée jeudi dernier à l’Université d’Ottawa, dans le cadre du colloque organisé par le Centre de recherche en civilisation canadienne-française et la Chaire de recherche en éthique du journalisme pour souligner le 100e anniversaire du quotidien Le Droit.
Rappelant que la défense des droits linguistiques est l’affaire de chacun et qu’à l’occasion, elle doit se faire dans la rue comme devant les tribunaux, le commissaire a présenté un intéressant survol historique: «en fonction de cette résistance au pouvoir de la majorité, on peut dire que le Québec s’est défini en tant que société minoritaire pendant au moins 130 ans, soit de 1837 – l’année de la rébellion – à 1967 – l’année où les états généraux ont rencontré le nationalisme canadien-français sans le Québec.»
«Puisque les journaux – et les médias en général – sont le reflet des sociétés qu’ils observent, c’est donc dire que pendant cette période, les journaux québécois francophones étaient des journaux minoritaires. Depuis ce temps, l’identité de la société québécoise est caractérisée par la tension qui existe entre le réflexe minoritaire et le réflexe majoritaire.»
Notant que les médias de la minorité n’ont pas autant fait l’objet d’études que les écoles, le commissaire a rappelé qu’il y a moins d’études portant sur les consommateurs de médias qui vivent en situation minoritaire que sur les étudiants dans les écoles françaises des communautés francophones minoritaires.