«Il est au milieu du grand océan, dans une région où l’on ne passe jamais, une île mystérieuse et isolée. Aucune terre ne gît en son voisinage et, à plus de huit cents lieues de toutes parts, des immensités vides et mouvantes l’environnent. Elle est plantée de hautes statues monstrueuses, œuvres d’on ne sait quelles races aujourd’hui disparues, et son passé demeure une énigme.»
Voilà comment l’écrivain français Pierre Loti commençait la narration de son expédition sur la frégate La Flore vers cette île mystérieuse dans L’Île de Pâques. Journal d’un aspirant de La Flore, 3-8 janvier 1872.
Il avait quitté Valparaiso le 18 décembre 1871, sur ce bâtiment à voile, pour apercevoir le 3 janvier au matin «l’île du silence», que des marins hollandais avaient découverte le 5 avril 1722, un soir de Pâques, et avaient dénommée Paasch-Eylandt, Île de Pâques.
Une île étrange
C’est sous cette appellation que l’amiral hollandais qui avait abordé dans cette île décrit sa découverte à son retour, en parlant de «l’existence d’une île étrange peuplée de statues colossales». Il s’agit d’un îlot volcanique, comptant trois volcans éteints, de quelque 160 km2, perdu dans l’océan Pacifique, à 3700 km du Chili dont elle dépend.
Car si cette île est chilienne, c’est que les Espagnols, qui abordent l’île en 1770, à bord de deux navires, en prennent possession au nom du roi d’Espagne, Carlos III, et la rebaptisent Isla San Carlo.