L’ex-président de la Côte d’Ivoire comparaît devant la Cour internationale

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Publié 19/02/2013 par Mike Corder (The Associated Press)

à 15h41 HNE, le 19 février 2013.

LA HAYE, Pays-Bas – L’ancien président ivoirien Laurent Gbagbo était prêt à tout pour s’accrocher au pouvoir après avoir perdu l’élection présidentielle de 2010 et il devrait être traduit en justice pour son implication présumée dans les violences post-électorales, a déclaré mardi la procureure générale de la Cour pénale internationale (CPI).

Fatou Bensouda a déclaré que la CPI devait juger l’ancien président au nom des victimes des violences qui ont plongé la Côte d’Ivoire, autrefois considérée comme un modèle de stabilité en Afrique de l’Ouest, dans un chaos meurtrier.

«Nous montrerons que M. Gbagbo et les forces placées sous son contrôle sont responsables de la mort, du viol, des blessures et de la détention arbitraire d’un nombre incalculable de civils respectueux de la loi» considérés comme des partisans de son rival Alassane Ouattara, a dit la procureure.

Mme Bensouda a fait cette déclaration au premier jour d’une audience qui vise à déterminer si les preuves recueillies par les procureurs sont assez solides pour traduire en justice Laurent Gbagbo, 67 ans, le premier ex-chef d’État à comparaître devant la CPI depuis sa création, il y a dix ans.

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Elle a affirmé que les procureurs se concentreraient sur seulement quatre incidents pour tracer un portrait des violences qui ont éclaté quand M. Ouattara a été déclaré vainqueur de la présidentielle. M. Gbagbo avait alors refusé d’accepter sa défaite, s’est déclaré président et aurait envoyé ses forces et ses partisans attaquer ceux de son rival.

Les quatre incidents «montreront que M. Gbagbo est responsable du meurtre d’au moins 166 personnes, du viol d’au moins 34 femmes et filles, de l’imposition de blessures corporelles graves à au moins 94 personnes et du crime de persécution contre au moins 294 victimes», a affirmé Fatou Bensouda.

Elle a qualifié ces incidents d’«actes brutaux et révoltants» qui équivalent à des crimes contre l’humanité.

Les procureurs de la CPI affirment que quelque 3000 personnes ont été tuées dans les violences causées par les partisans des deux candidats à la présidence durant les cinq mois de troubles qui ont suivi l’élection.

Le gouvernement ivoirien actuel a envoyé Laurent Gbagbo à La Haye pour y être jugé par la CPI, mais ses avocats estiment que les juges n’ont pas l’autorité de le juger pour meurtre, viol, persécution et actes inhumains.

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L’avocat Dov Jacobs a déclaré mardi devant les juges de la CPI que M. Gbagbo, un ancien professeur d’histoire, faisait déjà l’objet d’une enquête en Côte d’Ivoire pour son rôle dans les violences, et que les autorités de son pays d’origine devraient être les seules à pouvoir le juger.

Laurent Gbagbo, qui était vêtu d’un costume cravate, est resté assis silencieusement durant l’audience et n’a pas fait de commentaire. Il a salué de la main à quelques reprises ses partisans assis dans la tribune réservée au public et semblait en bonne santé.

L’ancien président, qui est accusé en tant que «co-auteur indirect» des violences, se dit innocent. Il a été arrêté en Côte d’Ivoire en avril 2011 par les forces loyales au président Ouattara et extradé à La Haye huit mois plus tard.

Sa femme Simone, qui a également été accusée par la CPI en lien avec les violences post-électorales, est pour sa part détenue en Côte d’Ivoire, où elle est accusée de plusieurs crimes, dont génocide.

Environ 300 partisans ont manifesté devant le tribunal mardi en scandant «Libérez Gbagbo!». Les manifestants estiment qu’il est toujours le président légitime de la Côte d’Ivoire.

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«Celui qui a perdu contrôle maintenant le pays. C’est ridicule», a déclaré Patrice Kouté, qui a fait le voyage de Londres à La Haye pour manifester son appui à Laurent Gbagbo.

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