L’ex-PDG de SNC-Lavallin arrêté par l’Unité anti-corruption de la SQ

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Publié 29/11/2012 par Sylvain Larocque (La Presse Canadienne)

à 21h55 HNE, le 28 novembre 2012.

MONTRÉAL – Le vaste scandale qui ébranle SNC-Lavalin depuis le début de l’année a pris une nouvelle tournure, mercredi, avec l’arrestation de l’ancien grand patron de la firme d’ingénierie, Pierre Duhaime.

Des policiers de la Sûreté du Québec travaillant au sein de l’Unité permanente anticorruption (UPAC) ont arrêté M. Duhaime à son domicile mercredi matin. L’homme d’une cinquantaine d’années est accusé de complot pour fraude, de fraude et d’usage de faux documents.

L’UPAC a par ailleurs indiqué mercredi que Riadh Ben Aïssa, un ancien vice-président de SNC-Lavalin incarcéré en Suisse depuis avril, fait face aux mêmes accusations. Une procédure d’«entraide internationale» visant son extradition est en cours, a précisé l’UPAC.

Les infractions alléguées auraient eu lieu entre le 30 avril 2009 et le 31 août 2011.

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L’acte d’accusation précise que les chefs de complot et de fraude sont liés au contrat de construction et d’entretien du nouveau Centre universitaire de santé McGill (CUSM), octroyé à SNC-Lavalin et à la firme britannique Innisfree en 2010.

M. Duhaime a été remis en liberté en soirée, mercredi, et doit comparaître en cour à une date ultérieure. Il est sorti des quartiers généraux de la police vers 19 h 45, passant rapidement devant des journalistes et couvrant son visage avec son manteau et l’un de ses bras. Il est ensuite monté sur la banquette arrière d’une BMW qui l’attendait devant l’édifice avant de quitter les lieux.

Le mois dernier, le quotidien montréalais La Presse a révélé que SNC est soupçonné d’avoir versé des «paiements douteux» de 22 millions $ pour obtenir le chantier.

Les chefs d’usage de faux sont liés à un contrat conclu le 1er mai 2009 entre SNC-Lavalin International, une filiale de la multinationale montréalaise, et une firme nommée Sierra Asset Management.

En mars, une enquête interne a conclu que SNC-Lavalin a versé des commissions irrégulières de 56 millions $ US à des intermédiaires pour des motifs mystérieux. Les 22 millions $ liés au CUSM en feraient partie.

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Un porte-parole du CUSM, Richard Fahey, a qualifié mercredi de «troublant» le fait que l’hôpital ait pu être victime d’une fraude. Il a assuré que l’institution collaborait pleinement avec les autorités.

Perquisitions

En septembre, l’UPAC avait effectué des perquisitions dans les bureaux du CUSM et d’Infrastructure Québec, l’organisme gouvernemental qui a joué un rôle central dans l’octroi du contrat au consortium SNC-Lavalin – Innisfree.

En avril, c’est la Gendarmerie royale du Canada qui avait perquisitionné, pendant trois jours, le siège social de SNC-Lavalin.

C’est le Dr Arthur Porter qui dirigeait le CUSM au moment de l’octroi du contrat au consortium SNC-Lavalin – Innisfree. Il a démissionné abruptement de ses fonctions en décembre 2011 et vit actuellement aux Bahamas.

Notons par ailleurs que M. Ben Aïssa était présent lors de la première pelletée de terre du nouveau CUSM, en juin 2010.

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Un analyste financier qui a requis l’anonymat a soutenu mercredi que l’arrestation de Pierre Duhaime ne constituait pas une surprise totale compte tenu des perquisitions et de l’emprisonnement de M. Ben Aïssa.

«Si vous êtes investisseur et que vous regardez les probabilités, ça faisait partie des scénarios possibles», a-t-il commenté.

Denis Durand, associé principal à la firme Jarislowsky Fraser, le plus important actionnaire de SNC-Lavalin, a fait remarquer que l’enquête policière ne concernait pour l’instant qu’une poignée d’ex-employés.

«Plus nous en saurons, mieux nous comprendrons la situation», a-t-il déclaré.

M. Durand a souligné que SNC demeurait une entreprise solide financièrement. Depuis le début octobre, elle est dirigée par un nouveau pdg, l’Américain Robert Card.

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Autres versements

Cette semaine, la télévision publique suisse a rapporté que les autorités enquêtaient sur d’autres paiements totalisant 139 millions $ US effectués par SNC-Lavalin. Après cette révélation, l’entreprise a admis avoir retenu les services de deux firmes d’intermédiaires, Duvel et Dinova, pour décrocher des contrats en Libye, et ce, de 2001 à 2011.

Rappelons que Pierre Duhaime a été relevé de ses fonctions au printemps. Il a tout de même eu droit à un «arrangement de départ» de 5 millions $.

En septembre 2011, M. Duhaime s’était prononcé contre la tenue d’une enquête publique sur l’industrie de la construction, affirmant ne pas voir en quoi un tel exercice «pourrait faire mieux» que les mesures mises en place par Québec au fil des ans, dont l’escouade Marteau.

«SNC-Lavalin a coopéré et continuera de coopérer pleinement avec toutes les autorités qui font appel à nous», a commenté mercredi une porte-parole de l’entreprise, Leslie Quinton.

«Nous avons volontairement remis des renseignements en notre possession aux autorités locales et à d’autres juridictions, afin qu’elles puissent prendre toute mesure qu’elles pourraient juger appropriée», a-t-elle ajouté.

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«Nous sommes catégoriques: les comportements non éthiques et les actes illégaux ne doivent pas être tolérés. Nous croyons que quiconque est réputé avoir commis un délit lié à une enquête doit être traduit en justice», a dit la porte-parole.

L’action de SNC-Lavalin a perdu 2,3 pour cent mercredi pour clôturer à 39,99 $, à la Bourse de Toronto.

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