Il y a quelques jours, une de mes collègues du Nouvelliste m’est arrivé avec ce visage en point d’interrogation que j’appréhende toujours mais qui me procure un réel bonheur. Ça veut généralement dire qu’elle a une colle linguistique, un problème d’accord ou qu’elle se bute sur une des redoutables exceptions de la langue française.
Chaque fois que je la vois s’approcher de mon bureau, presque en panique, je salive déjà à l’idée soit de lui servir une explication que je connais déjà par coeur, soit de devoir me retrousser les manches et de fouiller un peu pour pouvoir lui répondre. On ne me changera pas: j’adore les défis.
Mais la plus récente question de ma collègue ne m’a pas trop fait chercher. J’avais déjà fouillé la question, probablement parce que je m’étais déjà, moi-même, heurté à cette difficulté qui, au fond, n’en est pas vraiment une…
Elle se pointe donc devant moi et me demande, froidement: «Si la personne dit: «Au lieu de nourrir douze ou quinze chats, adoptes-en un», est-ce qu’il faut que je mette un «s» à «adoptes»? Et si oui, comment ça?». J’étais très content de lui répondre qu’il s’agissait d’une question d’euphonie.
Ma collègue avait vu juste en posant la question. Elle m’a fait le préambule approprié: lorsqu’on conjugue un verbe du premier groupe à la deuxième personne du singulier de l’impératif présent, le «s» tombe. Comme dans «Mange ta soupe», «Aime ton prochain», «Regarde là-bas»… C’est une vieille règle, assez bien assimilée d’ailleurs.