L’État maternelle

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Publié 27/01/2009 par Catherine Lavoie

Récemment, une loi interdisant de fumer en voiture en présence d’enfants de moins de 16 ans entrait en vigueur en Ontario. Certains ont accueilli cette nouvelle réglementation avec joie, affirmant qu’on allait ainsi protéger les enfants de la fumée secondaire dans un habitacle fermé. D’autres ont décrié une loi qui vient régir la liberté individuelle de chacun dans leur vie privée.

Pourquoi cette loi me fait-elle penser à celle qui a été appliquée contre l’alcool au volant il y a plusieurs années?

Quand j’étais petite et que mes parents décidaient d’aller passer une fin de semaine à Québec, nous nous arrêtions au dépanneur du coin pour faire le plein d’essence avant de quitter Chicoutimi. Pendant que ma mère abaissait les sièges et installait couvertures et oreillers dans la familiale pour que mes sœurs et moi puissions dormir durant le trajet, mon père payait son plein et revenait avec son traditionnel six packs de bières. Les plus jeunes d’entre nous sursautent lorsque nous évoquons de tels souvenirs, mais elle n’est pourtant pas si lointaine, cette époque où nous boudions les ceintures de sécurité et où nous comptions la longueur d’un trajet en fonction du nombre de bières bues : Chicoutimi-Québec: 2 bières et demi!

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Dans 20 ans, il est fort probable que les plus jeunes sursauteront encore lorsqu’ils sauront qu’à une certaine époque, les adultes fumaient dans une voiture en présence d’enfants. Ce qui nous paraît normal aujourd’hui nous apparaîtra scandaleux dans le futur. Et ce qui nous paraît absurde aujourd’hui pourrait devenir la normalité dans quelques décennies. Une femme enceinte pourrait-elle un jour recevoir une amende pour avoir fumé, mettant ainsi son enfant en présence de produits chimiques toxiques? Pure spéculation, me dira-t-on en 2009, mais en 2040, un tel règlement serait-il normal?

Une chose est certaine cependant, c’est qu’il est effrayant de constater à quel point les gens se déresponsabilisent et que l’État se maternalise. Nombreux sont les parents qui, déjà, s’interdisent de fumer en présence de leurs enfants pour éviter de donner un mauvais exemple. Il est triste de penser qu’il aura fallu une loi pour obliger à cesser de fumer en voiture devant des enfants, ceux qui refusent d’admettre que la fumée secondaire a des effets néfastes sur la santé.

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