Les villages du Luberon, d’Histoire en histoires

Partagez
Tweetez
Envoyez

Publié 22/03/2016 par Aurélie Resch

Au pays de Jean Giono, les mots et les histoires vont bon train. Partir à la conquête des villages perchés du parc naturel régional du Luberon, c’est rentrer dans le folklore et l’Histoire de Provence. Une remarquable échappée entre ciel et pierre dans l’un des plus beaux sites touristique de Provence.

Gordes

Gordes, village classé au patrimoine mondial de l’UNESCO, est accessible par une route paisible grimpe lentement au milieu des champs de blés et d’oliviers vers la crête de la montagne.

Les nuages s’accrochent à la pierre dans l’azur du ciel. Notre regard trébuche sur des petits murets en pierre sèche (montées sans mortier). Des bories suivent, sorte de petites chaumières en pierres blanches dont l’origine remonterait au VIIe siècle, avant que ne se révèle, stupéfiant d’élégance et de beauté, le village de Gordes.

Creusé dans la roche à flanc de falaise avec son château qui domine la plaine, Gordes et ses pierres blanches ressemble à un village de poupées et séduit par sa finesse, sa situation unique dominant la vallée d’oliviers.

Il fut un haut lieu de résistance pendant la Seconde Guerre Mondiale. Des maisons furent détruites par les nazis et des habitants brûlés dans leur demeure, mais la grande majorité des villageois alertée, fut sauvée en s’enfuyant et se cachant dans le maquis.

Publicité

Les habitations furent ensuite reconstruites selon le même modèle et la tradition se perpétue encore aujourd’hui pour garder l’unicité et l’originalité de ce beau village.

Roussillon

De l’autre côté de la plaine, le village de Roussillon salue Gordes. Perché lui aussi sur les hauteurs, plus moderne, il se distingue par sa couleur chatoyante.

La présence d’ocre dans la terre et dans les carrières alentours teintent le village et le paysage d’une palette de dorés et de vermillon qui se décline sur une impressionnante gamme de teintes et demi-teintes.

Le village provençal (considéré comme l’un des plus beaux de France) est en fait un prétexte pour emprunter l’un des nombreux sentiers des ocres et se perdre au milieu des formations rocheuses colorées nommées fièrement et à juste titre «le Colorado Provençal».

Un pique-nique dans ce décor somptueux et unique s’impose pour respirer toute la lumière qui a inspiré tant de peintres impressionnistes.

Publicité

La route qui relie Gordes à Roussillon reprend les images de Frédéric Mistral et Jean Giono au milieu des oliviers et des champs de lavande qui flamboient l’été venu.

Lourmarin

De l’autre côté de la montagne, un décor plus dramatique vous attend. On quitte peu à peu la lumière chaude de Roussillon et l’élégance racée de Gordes pour plonger dans les Gorges du Luberon.

Paysage sauvage et déchiqueté qui répugne à se révéler tandis que la route tortueuse descend toujours plus profond, là où le soleil semble peiner à arriver.

Falaises, jungle, maquis, rivière serpentant en fond de gorge, on plonge dans un décor cinématographique où fuyards et résistants se cachent de l’ennemi et complotent à nuire à son avancée. Difficile en effet de voir et de progresser dans ce désordre de ronces et d’arbres, à l’ombre d’inquiétantes montagnes, que seuls les locaux maîtrisaient.

Une route qui nous prépare à une récompense. Celle de la lumière et de la douceur retrouvées dans le village provençal de Lourmarin qui somnole à l’ombre de ses platanes, en bordure de champs de tournesols.

Publicité

Camus

Albert Camus, prix Nobel de littérature, auteur de L’étranger et de La peste ne s’y est pas trompé. C’est ici qu’il décide de s’installer pour goûter à la douceur des soirs d’été et se promener entre ciel et pierre.

La figure du château en haut de la colline, les maisons de pierre et le vent qui chante sur le blé nourrissent son inspiration et son quotidien qui s’éteignent trop tôt dans un accident de voiture.

Aujourd’hui on peut aller méditer sur sa tombe ou passer devant sa maison où sa fille vit toujours, et se souvenir de ses mots: «Qu’est-ce qu’un homme révolté? Un homme qui dit non. Mais s’il refuse, il ne renonce pas: c’est aussi un homme qui dit oui, dès son premier mouvement.»

Camus a aussi proposé d’«imaginer Sisyphe heureux»…

On veut bien croire en ces paroles après s’être imprégné des ces lieux témoins de l’Histoire et de cette unique lumière provençale qui diffracte les poèmes d’hier et d’aujourd’hui.

Auteur

  • Aurélie Resch

    Chroniqueuse voyages. Écrivaine, journaliste, scénariste. Collabore à diverses revues culturelles. Réalise des documentaires pour des télévisions francophones. Anime des ateliers d’écriture dans les écoles, les salons du livre et les centres culturels.

Partagez
Tweetez
Envoyez
Publicité

Pour la meilleur expérience sur ce site, veuillez activer Javascript dans votre navigateur