L’acception la plus connue aujourd’hui du mot truffe est métaphorique et désigne souvent une boule de chocolat qui ressemble au champignon portant ce nom. Ça peut être très bon mais ce n’est rien à côté de la vraie truffe, ce tubercule au parfum divin. Qui n’en a jamais senti et mangé ne sait pas ce qu’est le paradis en gastronomie.
L’homme de la Préhistoire, en France, habitait les grottes du Périgord, région où croît la melanosporum, reine des truffes. Il a bien dû en humer le parfum, si puissant qu’il fait disparaître l’herbe au-dessus de lui.
On appelle cela des «brûlés», qui sont les premiers indices de la présence d’une truffe. Il y en a parfois un autre, une mouche qui tourne autour. Mais pour plus de sûreté, un cochon vous détectera une truffe sans peine.
Autrefois, les paysans mettaient une muselière à l’animal et le menaient en laisse dans le champ de truffes. Dès qu’il en avait reniflé une, il se ruait sur l’endroit et fouillait le sol du groin avec frénésie, tellement il est gourmand de la chose. Malgré la muselière, il réussissait souvent à saisir sa proie avant qu’on ait pu la lui faire lâcher, d’un petit coup de gourdin sur le groin.
Je suis originaire de la région de Touraine, aux confins du Poitou. Le sol des coteaux est crayeux et, comme en Périgord, avec un dosage de 20% de calcaire, idéal pour la truffe. Rabelais, qui est du coin et amateur de bonne chair n’en parle point. Peut-être y avait-il encore à son époque, le préjugé d’un champignon du diable, noir, mystérieux, croissant sous terre et passant pour aphrodisiaque puissant.