Les toiles des élèves de Mgr-de-Charbonnel à la galerie de l’Alliance française de Toronto

La signature de l’adolescence

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Publié 22/12/2008 par Khadija Chatar

Du 16 décembre au 9 janvier, Visage Paysage, la première exposition de peintures de l’Alliance française, située au 24 Spadina Rd, vous invite à une évasion colorée composée de dessins réalisés par les élèves de 11e et 12e années de l’école secondaire catholique Monseigneur-de-Charbonnel.

«C’est la première fois que nous faillissions à la règle en présentant de la peinture. Comme plusieurs le savent, l’Alliance française a pour tradition de toujours présenter de la photographie. Mais il faut avouer qu’en voyant certains travaux des élèves de l’école Monseigneur-de-Charbonnel, nous comptons nous ouvrir davantage à cet art», déclare Jean-Claude Duthion, le directeur général.

Pour réaliser cette exposition, les quelques vingt élèves de l’école secondaire catholique Monseigneur-de-Charbonnel se sont inspirés de quatre peintures tirées de l’exposition annuelle organisée par le ministère de l’éducation de l’Ontario. Ces peintures sont celles d’Athéna de Kelsey MacNeill; T-shirt de Kaili Kinnon, Malheureux de Stéphane Dubuc et La vision de Mariam Egseem. Ces quatre sélections font partie des 150 travaux réalisés par les élèves des écoles francophones de l’Ontario et ornent les bureaux du ministère, inaccessibles au grand public,

Les élèves-artistes de Mme Lucie Fortin, qui étaient présents lors du vernissage du 16 décembre, étaient intarissables en commentaires lorsque les visiteurs s’évertuaient à les interroger. Devant le dessin Expression de l’âme, qui révèle les touches folles d’un piano accompagnées d’une danse rythmée de notes en tous genres, l’artiste Céline Flechter déclare: «Pour moi, le jeu de piano représente l’expression de l’âme de tout musicien.»

Zoé Maurice déjà artiste dans l’âme parlait avec ébullition de ses deux œuvres, Pression et Inspiration. «Dans Pression, vous pouvez percevoir deux bandes noires qui contiennent un troisième espace blanc et dans lequel vous pouvez lire, écrit en toutes formes et tailles, «Vos gueules!». Les deux premiers blocs représentent la maison, qui est un sanctuaire à l’élève et dans lequel il se réfugie avant d’entrer dans la sphère publique qu’est l’école, où il subit durant toute la journée des insultes», commente-t-elle.

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Georgette Muluba-Assumani était amusée par les nombreuses questions qui entouraient son tableau Visage/Miroir. Il représentait quatre visages inspirés du dessin Athéna de Kelsey MacNeill de l’Institut collégial Franco-Jeunesse de Sarnia. La déesse Athéna y est dépeinte sous toutes ses «couleurs». Tantôt ses cheveux sont jaunes et sa peau noire, tantôt c’est une chevelure aux tons pourpres encadrant un visage pâle. «Par ma palette de couleurs, j’ai voulu surprendre l’observateur, lui montrer quelque chose d’inattendu comme une femme noire avec des cheveux blonds! C’est pour moi une œuvre universelle qui présente la beauté sous ses facettes les plus diverses», explique la jeune artiste.

Agrandir pour donner plus de sens

L’autre œuvre qui attira plusieurs regards et même l’enthousiasme et la curiosité de certains, est celle intitulée Visage du «quatuor» composé de Nicole Ashworth, Samy-Joe Haddad, Rona El Bakri et Francis Demers. «Nous avons tout simplement agrandi, à l’aide de photocopies, le dessin Malheureux de Stéphane Dubuc de l’école secondaire catholique L’Horizon à Sudbury. Nous trouvions qu’il manquait de l’ampleur à son message et nous voulions attirer davantage l’attention sur les courbes du visage que sur les indications qui couvrent la figure de l’enfant de Stéphane», expliquent les membres du groupe.

Pour parvenir à réaliser cette œuvre monumentale, ces quatre adolescents se sont lancés dans l’aventure trépidante du travail collectif. Ils se sont ainsi débattus avec une photocopieuse–qu’ils n’oublieront pas de sitôt – et de laquelle ils parvinrent à extirper les 64 feuilles qui composèrent ce visage énorme. Une figure juvénile qui tapisse, à présent, presque tout un mur de la Galerie Pierre Léon de l’Alliance française.

«Nous avons dû, par la suite, plastifier chaque page avant d’assembler ce puzzle géant, se remémorent-ils. Cela a été une expérience inoubliable que nous conseillons aux autres. Elle nous a permis de créer de nouveaux liens et d’en consolider d’autres en cette dernière année du secondaire. Et nous remercions Paul Walty, l’organisateur du projet, qui est venu chaque semaine pour nous guider et nous assister dans ce projet.»

«Je suis contente qu’ils aient pu vivre toutes les phases d’une exposition, de sortir de l’atelier et d’être en mesure de partager leur travail avec le public. Ils sont ainsi passés à l’application d’une autre démarche importante qui est celle de l’analyse de l’oeuvre», observe l’enseignante de la classe d’Arts visuels, Mme Fortin.

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Ce projet, chapeauté par le ministère de l’éducation, a été financé par le Conseil des Arts de l’Ontario. «Le ministère voulait lancer un projet d’exploration artistique. Ainsi les élèves ont dû suivre tout le processus d’une exposition qui ne s’arrête pas à la réalisation de l’oeuvre, mais qui va beaucoup plus loin. Ils ont dû, donc, préparer une critique de leur travail, une stratégie de communication… Ils ont, par exemple, appris à confectionner des cartons d’invitation, comme font généralement les vrais artistes», explique Paul Walty, artiste visuel et initiateur de l’exposition Visage Paysage.

On l’aura bien compris, Visage Paysage n’a pas été uniquement un projet d’éducation artistique. Il a été aussi, pour les élèves de Mgr-de-Charbonnel, une expérience humaine et une signature personnelle pour conclure le chapitre parfois douloureux de la vie d’adolescent.

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