Les syndicats, ces éteignoirs

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Publié 12/05/2009 par Sylvio Le Blanc

À 40 %, le taux de syndicalisation au Québec est plus élevé que celui en France. Les travailleurs des deux pays subissent durement les effets de la crise. Pourtant, c’est dans l’Hexagone qu’on organise des manifestations monstres et qu’on séquestre les patrons, alors qu’ici c’est le calme plat.

Avons-nous entendu parler de la manifestation du 1er mai cette année, au Québec? Pratiquement pas. Elle aurait pourtant dû être particulièrement imposante, compte tenu de la situation socio-économique.
 
C’est triste à dire, mais les grands syndicats sont devenus ici des éteignoirs de la lutte des travailleurs, des barrages à leurs vagues de colère. Ils sont dirigés par des gens qui veulent le statu quo et qui ont conclu un contrat avec le patronat et le gouvernement, par lequel ils s’engagent à maintenir la paix sociale si le minimum est donné aux membres.

À tous les quatre ans, grosso modo, ils grondent un peu pour la forme, font leur petit tour de piste, puis rentrent dans leurs tanières dorées. Certains en ressortent pour aller en yacht en de douteuse compagnie.

Depuis que la FTQ et la CSN ont créé leur fonds de solidarité respectif et commencé à brasser des affaires, c’est comme si les dirigeants syndicaux «comprenaient» mieux dorénavant les «difficultés» rencontrées par le patronat et l’État.

Récemment, un parti de l’opposition a demandé l’appui des syndicats pour étendre des mesures de francisation aux entreprises de moins de 50 employés. Refus net! Ce ne serait pas bon pour les affaires, vu que l’anglais est la langue des affaires.

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Un collègue de travail a fait cet éclairant commentaire: «Je paie mes cotisations syndicales pour des services rendus il y a longtemps.» Il n’a jamais cru si bien dire. En effet, c’est durant les décennies 1960 et 1970 que les syndicats ont obtenu des gains majeurs, mais depuis, plus rien. Bien au contraire, les membres n’ont pas arrêté de perdre sur tous les tableaux (pouvoir d’achat, etc.). Durant la même période, les riches, eux, sont devenus de plus en plus riches, et ce de façon éhontée.

Si les simples syndiqués en arrachent, il en va autrement des permanents syndicaux, qui protègent leurs avantages et se promeuvent entre eux, de façon contre-nature. Ainsi, au Syndicat de la fonction publique du Québec, un préposé aux renseignements de la SAAQ a-t-il pu devenir gestionnaire au sein de la permanence syndicale, et ce, sans formation pertinente. Il est devenu le supérieur d’anciens collègues de travail avec qui il était copain comme cochon. Dans la cinquantaine, il a décidé de prendre sa retraite. Et quelle retraite!

J’ai peur qu’il faille un jour faire avec nos syndicats ce que les pionniers de Solidarnosc ont fait avec les leurs, qui étaient soumis au régime polonais: détruire les fondations et recommencer à neuf.

Des syndicats qui laissent le business aux autres et qui s’occupent exclusivement des travailleurs, voilà ce qu’il faudrait. Mais ce n’est pas demain la veille, les syndicats étant des châteaux-forts inexpugnables.

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