Victimes de leur célébrité, les quintuplées Dionne ont longtemps été exploitées. À l’occasion du 75e anniversaire des cinq soeurs natives de Corbeil près de North Bay, Paul-François Sylvestre est revenu sur cette vie hors du commun. Sa présentation a eu lieu mercredi dernier lors de la conférence mensuelle de la Société d’Histoire de Toronto, à l’Alliance française.
Parfois appelées les jumelles Dionne «pour insister sur le fait qu’elles sont toutes les cinq parfaitement identiques» ces petites filles nées le 28 mai 1934 avaient statistiquement une chance sur 57 millions de vivre. Jusqu’à ce jour il s’agit de la seule naissance de quintuplés identiques. La mère des quintuplées avait déjà eu six enfants auparavant et en eu encore trois par la suite!
Les cinq petites filles ont vite suscité l’attention du monde et des promoteurs de Chicago ne tardèrent pas à proposer un contrat à Oliva Dionne, le père des quintuplées, pour que ses filles soient présentées lors de l’Exposition Century of Progress en échange d’une aide financière de 7500 $, somme très importante pour un fermier à cette époque.
Profiteur?
Celui-ci accepta d’abord avant de se rétracter le lendemain. Le mal était fait, «les médias peignirent le Oliva Dionne au pire comme un profiteur cupide et au mieux comme un être stupide», rappelle le conférencier en citant David Welch, ancien professeur au Collège Glendon.
Contrairement à ce qui à souvent été dit ou écrit la famille n’était pas pauvre. Oliva Dionne avait étudié durant neuf ans à une époque où seulement 2.5% de la population franco-ontarienne et 8% de la population ontarienne terminait une huitième année. Ayant appris l’anglais il travaillait à l’entretien des chemins de fer de la compagnie Canadian Northern Railway et était propriétaire d’une ferme de 79 hectares. La famille avait donc une situation financière relativement bonne.
Pupilles du roi
Malgré cela, en 1935 soit l’année suivant la naissance des quintuplées, l’Assemblée législative de l’Ontario adopta une loi de mise sous tutelle dans le but de «mieux les protéger contre l’exploitation commerciale et d’assurer leur développement, leur bien-être et leur éducation». Elles sont ainsi devenues «les pupilles du roi Georges V jusqu’à l’âge de 18 ans».