Les réjouissances de fin d’année, une tradition bien établie

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Publié 16/12/2014 par Gabriel Racle

Dans nos sociétés occidentales de l’hémisphère nord, les réjouissances de «fin d’année» existent, si l’on peut dire, depuis la nuit des temps, sans être reliées nécessairement à un calendrier particulier, mais rattachées à un phénomène astronomique, le solstice d’hiver.

On reconnaît le solstice d’hiver par la durée minimale du jour et la durée maximale de la nuit. Mais passé celui-ci, l’inverse commence à se produire, marquant ainsi un retour de l’environnement à la vie, ce dont les humains ne peuvent que se réjouir. D’où des célébrations rituelles associées bien souvent à des événements religieux.

La Rome antique

Dans la Rome antique, les Saturnales, des fêtes en l’honneur du dieu Saturne, une divinité agraire, se déroulaient généralement du 17 au 24 décembre, et s’accompagnaient de grandes réjouissances et d’échange de cadeaux. Elles avaient pour but d’assurer symboliquement la vitalité de la nouvelle année.

À partir du règne de l’empereur Aurélien (270-275), les Romains fêtaient aussi le Sol Invictus, le Soleil invaincu, et le début de la nouvelle année. S’y superposait la célébration de la naissance de Mithra, une divinité indo-iranienne rapportée de Perse par les légions romaines (L’Express, Sous le soleil de Mithra, 20 décembre 2005)

Antagonisme

Tout ce tralala festif se trouve en concurrence avec une nouvelle religion qui tente de s’imposer, le christianisme. C’est alors qu’en 354, le pape Libère décide de fixer à Rome au 25 décembre la célébration de la naissance du Christ, jusque-là célébrée à des dates variables, 6 janvier, 28 mars, 19 avril ou 29 mai, par exemple.

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L’intrusion de la fête de la Nativité (dies natalis qui a donné Noël) dans l’ensemble des fêtes romaines, a entraîné avec elle des traditions qui s’y rattachaient, les décorations, les bons repas et les cadeaux échangés aux Saturnales et surtout à la fête des Sigillaires (sceaux) qui les suivait, qui comportait l’envoi de présents, comme des cachets, anneaux, et autres petits objets de sculpture.

Cette tradition a perduré jusqu’à nos jours, en prenant un aspect commercial, avec notamment l’apparition du Père Noël.

Les chants

La joie des réjouissances s’exprime par la musique et les chants. Et les chants populaires de ces fins d’année sont si nombreux, que même en se limitant à la langue française, on établirait une très longue liste de titres.

On peut en évoquer quelques-uns en les classant en chants religieux et en chants profanes. Les chants religieux étaient ou sont encore entonnés dans les églises lors des offices célébrés.

Selon la tradition, ce serait les anges qui auraient les premiers fêté la naissance du Christ en chantant au-dessus de son berceau. «Les anges dans nos campagnes ont entonné l’hymne des cieux…», d’un auteur inconnu du XVIe siècle, est un reflet de cette tradition. «Il est né, le divin Enfant! Jouez hautbois, résonnez musettes…», publié en 1874 mais plus ancien, dont la mélodie est celle d’un air de chasse du XVIIe siècle, traduit une idée semblable.

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Le très célèbre Minuit Chrétiens du poète français Placide Cappeau, écrit vers 1843, a été chanté pour la première fois en Amérique du Nord dans une église de Québec, en 1858. Il évoque le temps de la célébration des messes de minuit.

Chants profanes

Les chants profanes entrent dans trois catégories: chants reliés à la Nativité, chants de Noël, chants d’hiver. Parmi les chants profanes plus ou moins reliés à la Nativité, on trouve D’où viens-tu bergère… «Je viens de la Crèche, voir l’Enfant Jésus…», sans doute un chant régional dont la mélodie est attestée dès 1888.

Entre le bœuf et l’âne gris entre aussi dans cette catégorie. On n’en connaît pas l’auteur, mais c’est l’un des plus anciens chants en français du début du XVIe siècle.

Tous ces chants ne prétendent pas plus se fonder sur des faits historiques que ne l’est la date du 25 décembre, mais répercutent des traditions et célèbrent la joie d’une naissance.

La période moderne a vu apparaître des chants de Noël qui s’apparentent à des légendes récentes, sans lien avec la Nativité. Ce sont plutôt des chants folkloriques comme: Petit papa Noël, dont les paroles sont de Raymond Vincy (1945), rendu célèbre par Tino Rossi; Noël Blanc, une traduction de White Christmas du compositeur étatsunien Irving Berlin (vers 1940); Le Père Noël c’t’un Québécois de Pierre Laurendeau (1974); Le Petit Renne au nez rouge, adaptation française du poème anglais de John Mark (1939).

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Et il y aurait encore tous les chants d’hiver, bien connus: Mon beau sapin, adapté de l’allemand O Tannenbaum; Jingle Bells du musicien étatsunien James Pierpont (1822-1893), publié pour la première fois en 1857 et adapté en français comme Vive le vent; Bonhomme Hiver de Raymond Vincy (1946), et combien d’autres encore.

De quoi se réjouir! De quoi chanter! À toutes et tous: Bonnes fêtes de fin d’année!

Auteur

  • Gabriel Racle

    Trente années de collaboration avec L'Express. Spécialisé en communication, psychocommunication, suggestologie, suggestopédie, rythmes biologiques, littérature française et domaine artistique. Auteur de très nombreux articles et d'une vingtaine de livres dont le dernier, «Des héros et leurs épopées», date de décembre 2015.

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