Les violences urbaines des dernières semaines dans la banlieue de Paris et certains quartiers des principales villes de France ne sont pas seulement l’œuvre de quelques délinquants que certains appellent les racailles. Dans les débris des voitures calcinées il y a aussi le cri d’une génération perdue et exclue.
Il faut être aveugle pour ne pas s’apercevoir que dans nos démocraties de pays industrialisés existent des couches de la population qui se retrouvent marginalisées. Il serait faux de croire que la France, au cours des dernières années, n’a fait aucun effort pour favoriser l’intégration des minorités, la cohésion sociale ou même la «promotion de l’égalité des chances» comme elle a nommé un de ses ministères.
L’exclusion est un phénomène mondial et aucune grande ville de la planète n’est à l’abri des récentes émeutes qu’a vécu Paris. «Je suis une racaille» a-t-on envie de dire pour paraphraser le fameux «Ich bin ein Berliner» de John Fitzgerald Kennedy.
On est fier d’être racaille comme on était fier d’être punk. Dans les années 1970-80, le mouvement punk a donné une raison de vivre à de jeunes exclus qui n’avaient devant eux que le «no future». Ils ne se battaient pas pour une cause, ils n’avaient aucune revendication, ils portaient des épingles à couche en guise de bijoux, se coiffaient en Mohawk et inventaient un nouveau style musical.
Aujourd’hui la mode et la musique ne sont plus les mêmes chez les jeunes exclus, mais ils voient leur avenir de la même façon. Il n’y a aucune cause ou revendication derrière leurs gestes de vandalisme et de violence. Rien, et voilà ce qui est tragique. Ils ont perdu tout espoir en un avenir meilleur et ont cessé de rêver.