Les Québécois forment une nation nous dit Stephen Harper et une majorité de députés de la Chambre des communes. Mais après avoir habilement damé le pion au Bloc québécois et tourné au ridicule les déchirements internes au Parti libéral, Stephen Harper semble avoir bien malgré lui relancé de plus bel le débat sur l’identité québécoise. Et par ricochet sur l’identité canadienne-française.
Au-delà des interminables questionnements sur la portée politique et symbolique du terme «nation», c’est l’utilisation du mot «Québécois» dans la version française et anglaise de la motion qui donne des maux de tête aux politiciens. Qui désigne-t-il? Les Québécois sont-ils définis par un territoire, une langue, une culture, une histoire ou encore un sentiment d’appartenance? Bref, dans notre statut de francophones hors-Québec, sommes-nous inclus dans cette définition de la nation québécoise? Certains disent oui, d’autres non.
Mais une chose est claire: la motion conservatrice sème le doute. Et les ministres du gouvernement Harper sont bien loin de nous aider à faire la lumière dans tout ça.
Après avoir remis en question la nature inclusive de la nation québécoise en conférence de presse la semaine dernière, Lawrence Cannon a tenté de se rattraper et de clarifier sa vision de la nation québécoise dans une lettre ouverte publiée dans La Presse vendredi dernier. Le ministre conservateur y écrit que «le terme ‘‘Québécois’’ englobe tous ceux qui partagent ou comprennent la volonté de préserver et faire rayonner une langue, une culture et une histoire commune».
La notion de territorialité y est exclue au profit des éléments linguistique, culturel et historique. Des composantes identitaires que les «Canadiens-français» partagent avec les «Québécois». Il serait donc légitime de croire que les francophones du pays seraient inclus dans cette définition. Pourquoi alors avoir utilisé le terme Québécois plutôt que francophones ou Canadiens-français, des terminologies qui étaient jusque-là privilégiées par le gouvernement fédéral?