Les programmes d’immersion en question

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Publié 20/11/2007 par Sandy Plas

Canadian Parents for French Ontario (CPF Ontario) a rendu public les résultats de son congrès organisé la semaine dernière à Toronto. À l’avant-scène de leurs conclusions, les grandes difficultés d’accès et de développement du français langue seconde dans les écoles d’immersion ont été pointées du doigt.

Le chiffre parle de lui-même: à l’issue de la neuvième année, 94% des élèves ayant choisi le français en langue seconde au sein d’une école d’immersion abandonnent son apprentissage. Pourquoi une telle hécatombe?

Monica Ferenczy, présidente de CPF Ontario, apporte un début de réponse: «Après la neuvième année, les élèves rencontrent de véritables obstacles pour poursuivre leur apprentissage du français. Ils doivent choisir entre des programmes français et d’autres cours qui se chevauchent et la plupart du temps les conseillers d’orientations les encouragent à abandonner le français. Des élèves se sont vus entendre dire par des conseillers qu’ils n’avaient pas besoin du français. Nous sommes décidés à intervenir à ce niveau.»

Le CPF déplore également le manque de personnel administratif chargé d’assurer la gestion de l’éducation en français dans la province: «Actuellement, une seule personne au ministère de l’Éducation est en charge de ce dossier, quand plus de 950 000 élèves [6% des effectifs] sont concernés en Ontario…»

À cela vient s’ajouter la problématique d’un financement parfois détourné de son but et finalement peu contrôlé. Le financement des programmes d’immersion en français s’effectue à différents paliers: le gouvernement fédéral verse des subventions pour les programmes en français des écoles d’immersion par le biais du gouvernement provincial, qui les injecte à son tour au sein des conseils scolaires.

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«Le problème vient du fait que les conseils scolaires peuvent utiliser ces subventions là où ils le veulent et donc pas forcément pour les programmes en français. Il est urgent d’installer transparence et contrôle dans l’utilisation de ces financements.»

Un problème dû à l’organisation du financement donc, mais pas seulement.

La bonne volonté des conseils scolaires est également mise en cause: «Selon les différents conseils scolaires, les programmes d’immersion en français n’impliquent pas du tout les mêmes apprentissages. Certains proposent de 80 à 100% de cours en français, quand d’autres se contentent de seulement 50% de temps d’apprentissage dans cette seconde langue. Il ne s’agit plus d’une véritable immersion dans ce cas.»

L’accès des programmes en français dans les écoles d’immersion semble ainsi se heurter à des obstacles manifestes, dépassables selon Mme Ferenczy au prix de quelques efforts: «Actuellement il n’existe aucune norme provinciale sur les écoles d’immersion, il serait temps d’apporter une certaine homogénéité dans les programmes, applicable uniformément dans tous les conseils scolaire d’immersion. Pour ce faire, nous avons besoin d’une plus grande concertation entre les acteurs. Les parents, les conseils scolaires, les étudiants et le CPF doivent travailler de concert sur ces objectifs. Enfin, il est également essentiel de renouveler notre plan d’étude pour axer l’apprentissage sur l’oral et la capacité de nos élèves à utiliser un français fonctionnel.»

Alors que l’entente signée en 2005 dans le cadre du Plan d’action pour les langues officielles arrive à mi-mandat, aucune mesure concrète concernant les programmes d’immersion en français ne semble avoir vu le jour. «J’en appelle au gouvernement provincial, il est temps qu’il réponde enfin à nos revendications qui restent pour le moment lettres mortes. C’est à notre tour d’être écoutés!»

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Un silence bien curieux lorsqu’on connaît l’intérêt grandissant des parents anglophones pour ces programmes d’immersion en français. «L’intérêt des parents est bien réel, ils font la queue pour inscrire leurs enfants dans les programmes d’immersion en français.

Mais les conseils scolaires refusant parfois d’élargir leurs programmes d’immersion pour éviter une désorganisation, les places sont de fait limitées. De nombreux parents frustrés font appel à nous pour tenter d’apporter une solution au problème.»

C’est donc un véritable signal d’alarme qui vient d’être lancé par le CPF en direction du ministère de l’Éducation pour que soient apportées des solutions rapides à une question touchant près d’un million d’élèves en Ontario.

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