Les Nobels scientifiques 2012 n’auront pas fait exception: vedettes dans leur domaine, mais inconnus de la grande majorité du public… et plusieurs chercheurs laissés sur le carreau en raison d’une règle anachronique.
Il s’agit de la règle de trois, propres aux prix Nobels: la prestigieuse médaille ne peut être remise qu’à un maximum de trois personnes. Le problème, c’est qu’en science, depuis des décennies, une «découverte» n’est plus le fruit d’individus, mais d’équipes. Non seulement une équipe de seulement trois chercheurs est-elle chose rare, mais il est même rare qu’une percée ne soit que le fruit d’une seule équipe!
Ainsi, la découverte primée du Nobel de physique de l’an dernier, l’accélération de l’expansion de l’Univers, avait été le résultat du travail conjoint de deux équipes rivales, totalisant 51 personnes.
Des percées essentielles
Avec le Nobel de médecine de cette année, un problème différent surgit, mais il s’agit tout de même d’une injustice similaire: le comité récompense une séquence de découvertes, celle qui a ouvert la voie au clonage de cellules en 1962 (John B. Gurdon), et celle qui, en 2006, a ouvert la porte à reprogrammer nos propres cellules (Shinya Yamanaka).
Sauf qu’entre les deux, il y a eu l’équipe de Ian Wilmut qui a cloné le premier mammifère — la brebis Dolly — en 1997 ou celle de James Thomson à qui on doit la première lignée de cellules souches humaines en 1998. Deux percées sans lesquelles celle de Yamanaka n’aurait pas été possible, dénonce le médecin et blogueur Jalees Rehman.