Vieillir en prison et peut-être y mourir, c’est le lot de plus en plus de détenus. La démographie montre que le vieillissement des prisonniers canadiens est bien plus rapide que celui du reste de la population. Dans son mémoire présenté à l’Université de Montréal, une jeune démographe le confirme à partir des statistiques des prisons fédérales.
Obtenir ces chiffres a été ardu: le service correctionnel du Canada (SCC) en restreint fortement l’accès. Anne-Laure Tesseron les a attendus pendant un an et n’a pas eu toutes les données demandées. «Les statistiques s’étalent seulement sur 5 ans, explique-t-elle. Je craignais que ce ne soit trop court pour constater une évolution.»
Et pourtant, rien qu’entre 2002 et 2007, l’âge moyen des prisonniers passe de 37,1 ans à 38,6 ans. Mais surtout, les aînés sont de plus en plus nombreux: 16,6 % des détenus en 2002 et 20,1 % cinq ans plus tard. «Certes, ils restent une minorité, mais leurs besoins sont tellement différents».
Il leur faut des bâtiments adaptés à leur mobilité réduite et un suivi médical coûteux. D’autant que ces projections montrent que, si rien ne change, le nombre de vieux prisonniers devrait augmenter de plus de 50 % dans les dix prochaines années.