Les prémonitions de Manon Briand

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Publié 18/09/2012 par Guillaume Garcia

Dans la vie tout n’est pas tout noir ou tout blanc. Partant de cette constatation, la réalisatrice québécoise Manon Briand ne prend pas de pincettes pour changer de direction plusieurs fois dans son dernier film Liverpool, tantôt thriller, tantôt histoire d’amour.

Les spectateurs sont prévenus, elle n’a aucune envie de les laisser tranquilles se faire leur petite histoire dans leur tête. Pensé il y a trois ans, le film est incroyablement d’actualité, mêlant influence des réseaux sociaux et univers du crime organisé.

Pour son premier film depuis dix ans, Manon Briand revenait au TIFF, son «festival chouchou» comme elle dit. «J’étais déjà là il y a vingt ans avec mon premier film. C’est comme si j’étais avec mon petit frère et qu’il était devenu une superstar!»

Les deux personnages principaux de son film, Émilie et Thomas (Charles-Alexandre Dubé et Stéphanie Lapointe) se retrouvent confrontés au milieu du crime organisé ce qui les pousse dans une fuite en avant et les rapproche l’un de l’autre.

«Je change de direction par pur goût de divertir et amuser le spectateur. Je veux toujours me ménager des surprises à chaque avancée du film. C’est aussi pour dérouter de manière positive. On peut parler d’une histoire d’amour et verser dans quelque chose de plus dangereux. Du coup la réaction du public c’est ‘Je ne m’attendais pas à ça’.»

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La fille du vestiaire

De leur côté, les critiques ont souvent pointé du doigt les renversements de situations «tirés par les cheveux» dans le film. L’histoire se construit autour de la relation entre Émilie et Thomas, elle est une simple fille de vestiaire, qui regarde les vedettes faire la fête. Lui est un client régulier secrètement amoureux d’elle.

En essayant d’aider quelqu’un, elle se retrouve dans le trouble et Thomas fonce à sa rescousse, les deux partant dans une espèce de road trip en tentant d’échapper à la mafia.

Sur le personnage «insignifiant» de la fille du vestiaire, Manon Briand s’explique: «C’est un personnage que j’avais vu dans ma vie cette fille. Tout le monde fait la fête et elle doit attendre les manteaux. J’aime bien les personnages en marge, qui détonnent de leur environnement.»

Le film, en présentation spéciale lors du TIFF, touche aussi de près au sujet de l’influence des médias sociaux, des outils que connaît bien la réalisatrice de Liverpool. «Je suis une cliente assidue de ça. J’ai toujours souscrit à cela dès le départ. Depuis 10-12 ans, j’ai vu l’évolution et j’ai aussi vu les différences, ce qu’on a gagné et perdu.»

Outre la complexité du sujet, le plus gros risque avec les médias sociaux vient de l’extrême rapidité avec laquelle les comportements évoluent. «Dès le moment où j’écrivais le scénario, je savais que j’allais être hors synchro au moment où le film serait tourné. Du coup je me gardais des espaces pour de l’adaptation. Ce qui avait été fantasmé est arrivé par des mouvements comme Occupy ou les manifestations du printemps. Ça c’est fait rattrapé par les événements réels. Du coup, en regardant le film on s’attarde plus à l’essence du message.»

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Nouveaux visages

Ou aux comédiens, que le public découvre pour la première fois à l’écran. Que ce soit Stéphanie Lapointe, que le Québec connaît grâce à Star Académie, ou Charles-Alexandre Dubé, tous deux faisaient leurs débuts sur grand écran.

«Le risque est surtout pour le distributeur qui devra faire plus de promotion. Moi je cherche les meilleurs pour les rôles que j’ai. Pour moi c’étaient les meilleurs. Quand j’ai fait les tests à deux ça s’est concrétisé. Ce n’était pas facile de trouver un garçon qui est dans les nuances, qui est émouvant, naïf, mais tout de même masculin. En 2012 c’est difficile!»

Sorti pendant les beaux jours, le film a surfé sur la vague du mouvement étudiant. Pourtant, cela n’a pas forcément servi le film, selon Manon Briand, puisque les étudiants avaient mieux à faire que d’aller au cinéma.

En pause depuis la sortie du film, Manon Briand se réjouit «d’avoir toutes les options» pour ce qui est du choix de son prochain projet. «Après un film, certains constats nous poussent vers l’avant. J’ai des trucs de prêts, mais est-ce que c’est ce qui m’intéresse maintenant? Je voudrais voyager dans l’univers de quelqu’un d’autre, aller un cran plus loin avec l’imagination d’un autre et ne pas être limitée à mes goûts personnels.»

On ne sera pas étonné si le prochain film de Manon Briand s’avère être une adaptation de roman…

Auteur

  • Guillaume Garcia

    Petit, il voulait devenir Tintin: le toupet dans le vent, les pantalons retroussés, son appareil photo en bandoulière; il ne manquait que Milou! Il est devenu journaliste, passionné de politique, de culture et de sports.

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