Quand Serge Sandor décide de partir à Cuba pour étudier la possibilité de faire jouer du théâtre aux patients d’un hôpital psychiatrique, il ne sait pas vraiment à quoi s’attendre. Il a cependant déjà travaillé avec des personnes en difficulté, tels que des sans domicile fixe, des prisonniers et des femmes battues. Réussir à produire du théâtre de qualité professionnelle avec des comédiens non-professionnels est une bataille que Serge Sandor mène depuis plusieurs années maintenant. De son travail est née l’exposition en ce moment présentée à l’Alliance française de Toronto, El Caballero de Paris.
Le travail de Serge Sandor commence au début des années 1980 au Mexique avec ses premiers ateliers donnés à des personnes emprisonnées. Sa facilité à travailler avec des groupes en difficulté l’amène à la fin des années 1990 à travailler avec les SDF de la porte Chaillot à Paris. Plusieurs années s’écoulent avant qu’un ami lui propose de travailler avec les patients de l’hôpital psychiatrique de La Havane, considéré comme l’un des plus grands du monde, avec près de 2000 personnes vivant sur le site.
«J’ai été très bien reçu, comme un ministre, avec des chants et des musiciens. Je n’étais pas très enthousiaste, mais la première visite a été convaincante. J’ai fait une deuxième visite où j’ai fait des ateliers de théâtre classique», raconte le metteur en scène.
Après plusieurs jours de travail, il s’aperçoit qu’une grande partie des patients sont capables de jouer sur scène. Il cherche et trouve du financement, en partie de l’Union européenne et travaille avec des gens du théâtre cubain. Lui reste en tout huit mois sur place, organise des ateliers et choisit de produire une pièce inspirée de l’histoire du chevalier de Paris.
Arrivé au début du XXe siècle, le chevalier de Paris est une sorte de Don Quichotte, élégant, séducteur et bien aimé des foules. Personnage célèbre, il bénéficie de la protection des régimes successifs présents à Cuba et termine ses jours à l’hôpital psychiatrique, plus par nécessité physique que psychique. Le chevalier de Paris et sa grande barbe ont même une statue à leur effigie dans le centre historique de La Havane.