Les «partisans» libéraux pourront voter pour le prochain chef sans être membres

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Publié 14/01/2012 par Fannie Olivier (La Presse Canadienne)

à 15h25 HNE, le 15 janvier 2012.

OTTAWA – Oui au pot, mais aussi, oui à la reine. Les libéraux fédéraux ont adopté à pas moins de 77 pour cent une résolution pour légaliser la marijuana.

Ils ont été un peu moins audacieux sur une motion visant à rompre le lien monarchique au Canada, qu’ils ont rejetée à 67 pour cent. Ces deux résolutions, qui ont suscité des débats houleux aux micros, émanaient de l’aile jeunesse.

«Avec la résolution sur la marijuana, nous allons voir un groupe de gens encore plus joyeux au Parti libéral», a blagué le chef intérimaire Bob Rae.

«Je suis à l’aise de défendre les principes de la résolution», a-t-il ajouté plus sérieusement, sans pour autant pouvoir assurer qu’elle se retrouvera dans la plate-forme électorale du parti aux prochaines élections.

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Le président des Jeunes libéraux croit que la présence de nombreuses propositions émanant de la branche jeunesse envoie le signal que la voix de la relève est entendue au sein du parti.

«Toute la fin de semaine, avec autant le débat sur les primaires que sur la marijuana, ça démontre à quel point les jeunes au sein du parti sont en mesure de pousser un certain ordre du jour, de pousser des priorités au sein du parti», a fait valoir Samuel Lavoie.

La proposition stipule «qu’un nouveau gouvernement libéral légalisera la marijuana et veillera à la taxation de sa production, sa distribution et son utilisation tout en imposant des sanctions sévères pour les activités illégales de trafic (…).»

Scrutin préférentiel

Les militants ont également voté en faveur d’une proposition pour instaurer un mode de scrutin préférentiel à l’échelle nationale.

Ils sont par ailleurs allés de l’avant avec une motion pour réinstaurer les fameuses Bourses du Millénaire, qui avaient pourtant créé des frictions entre Ottawa et Québec au tournant du siècle.

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Les résolutions adoptées deviennent politiques officielles du parti, mais ne seront pas automatiquement dans sa prochaine plate-forme électorale, puisque le chef a un droit de veto sur celle-ci.

Samedi, les militants ont par ailleurs voté en faveur d’une proposition instaurant un nouveau statut pour les «partisans», qui pourront voter pour l’élection d’un prochain chef libéral l’an prochain, sans pour autant être membres du parti. La mesure a pour objectif de rendre la formation plus inclusive et de susciter un intérêt chez les électeurs qui adhèrent aux valeurs du parti mais ne veulent pas en être membres.

Il faut dire que le chef intérimaire Bob Rae avait lui-même livré un vibrant plaidoyer en faveur de cette idée, allant jusqu’à «implorer» les militants de franchir cette étape.

«Nous avons l’opportunité de dire clairement que le Parti libéral n’est pas un club fermé», avait-t-il lancé aux militants rassemblés pour la fin de semaine à Ottawa.

Les partisans n’auront pas à payer le 10 $ requis pour être membre, mais ils ne pourront pas non plus participer aux congrès de la formation et à l’élaboration des politiques. Ils n’auront pas non plus de droit de vote aux assemblées locales d’investiture dans les circonscriptions à travers le pays.

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Les participants au congrès ont cependant rejeté dimanche un système de scrutin où chaque région du pays aurait voté à tour de rôle, un peu comme pour le système de primaires par États aux États-Unis.

Mike Crawley élu président

L’élection d’un nouveau président figurait parmi les points importants de l’ordre du jour de ce congrès, qui a rassemblé pendant trois jours plus de 3000 millitants à Ottawa. L’ancienne ministre Sheila Copps, qui semblait la favorite dans la course à la présidence du parti, a dû concéder la victoire à l’Ontarien Mike Crawley à l’issue d’un scrutin très serré.

L’homme d’affaires, dont les partisans disaient qu’il incarnait le changement au parti, devra s’atteler à la tâche de reconstruire le parti tombé en troisième position aux Communes aux dernières élections.

Les détracteurs de Mme Copps, une figure de l’ère Chrétien bien connue du public, lui reprochaient de représenter «l’establishment» et le passé du parti. Alexandra Mendes, Ron Hartling et Charles Ward souhaitaient également succéder à Alfred Apps, en poste depuis mars 2009.

L’ensemble de l’exécutif aura notamment à décider si Bob Rae aura le droit de se porter candidat au leadership permanent des libéraux, alors qu’il avait d’abord accepté de n’en être que le chef intérimaire.

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«Il y a beaucoup de décisions que le conseil du parti va faire concernant le choix du leader de ce parti. On va discuter de ces choses pendant les prochains mois», a noté M. Crawley. Il a ajouté que le chef intérimaire devra démissionner au moment venu s’il choisissait de se lancer dans la course. Le principal intéressé reste vague sur ses intentions, mais répète qu’il adore diriger le parti à titre de leader intérimaire.

Le congrès s’est clôt après un long discours de M. Rae, enjoignant ses troupes à mettre l’épaule à la roue.

«Ce congrès a ouvert la voie au changement et il nous reste maintenant à traduire les paroles en actes», a-t-il lancé, confiant souhaiter que «l’hiver d’Ottawa soit suivi par un printemps canadien».

Spéculations sur le futur chef

Même si le prochain chef ne doit être choisi qu’en 2013, les noms de possibles candidats est un sujet fortement discuté lors du congrès.

Certains aimeraient ardemment que Bob Rae, l’actuel chef par interim, prenne les rênes du parti de façon permanente. Mais l’homme a aussi ses détracteurs qui croient qu’il doit s’en tenir à sa promesse faite de ne pas briguer le leadership du parti.

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D’autres voudraient voir le premier ministre de l’Ontario, Dalton McGuinty, diriger les destinées du Parti libéral fédéral. Mais son frère, l’actuel député fédéral d’Ottawa-Sud, David McGuinty, a annoncé dimanche matin à la télévision qu’il considérait se porter candidat.

Il affirme ne pas encore avoir pris sa décision, et dit vouloir se donner encore quelques mois pour y penser. Néanmoins, il est entré dans la salle des médias peu après sa déclaration — à un moment où elle grouillait de reporters —, semblant vouloir se faire questionner à ce sujet et recevoir une certaine attention médiatique au sujet de sa «réflexion».

«Je le considère sérieusement», a déclaré M. McGuinty. «J’ai l’obligation de le faire. Si je veux continuer à servir le public, je dois déterminer la meilleure façon de le faire». Il n’écarte ainsi pas de se porter candidat à la chefferie, même si cela implique faire campagne contre son propre frère.

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