Les Noces de Figaro: l’opéra revient vers la théâtralité

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Publié 16/10/2007 par Aline Noguès

La Compagnie d’opéra canadien a ouvert sa nouvelle saison avec le célèbre opéra de Mozart, Les Noces de Figaro. Le livret, écrit par Lorenzo da Ponte en 1786, s’inspire de la pièce de Beaumarchais, La Folle journée ou Le Mariage de Figaro. L’opéra qui nous est présenté cette saison a été mis en scène par l’artiste polyvalent Guillaume Bernardi.

Premier défi pour le metteur en scène: ne pas ennuyer le public: «Les spectateurs ont tendance à attendre les airs avec impatience, s’ennuyant pendant les récitatifs. Pour éviter cela, j’ai cherché à créer un tissu narratif continu entre les airs et les récitatifs. Je veux que ces récitatifs soient plus naturels, plus intéressants, plus vivants!»

L’autre caractéristique de la mise en scène est la recherche de la théâtralité originale de la pièce de Beaumarchais. Une telle démarche n’est pas habituelle à l’opéra mais s’impose avec évidence dans ce cas. «Cet opéra était une comédie à l’origine. Il serait plus difficile de trouver de la théâtralité chez Wagner, par exemple!»

Pour Guillaume Bernardi, ce retour à du théâtre chanté est plus intéressant et plaît davantage au public. «Je souhaite recréer dans l’opéra la vivacité de la pièce, à travers un jeu plus naturel des acteurs qui jouiront d’une grande liberté et à travers une plus grande clarté de l’intrigue.»

Guillaume Bernardi, issu du monde du théâtre, n’aime guère enfermer les arts de la scène dans des schémas préconçus. «La distinction entre les genres – danse, théâtre, opéra – est assez artificielle, il existe une unité des arts de la scène.

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Ce qui m’intéresse est justement de trouver l’unité au coeur de chacune de ces formes théâtrales. On la retrouve dans Les Noces de Figaro. Et l’essentiel est de communiquer au public un certain type d’émotions, que ce soit par la parole, le mouvement ou le chant.»

Ces émotions, dans Les Noces de Figaro, sont diverses. Comme l’explique Guillaume Bernardi, cet opéra est à la fois amusant et profond, et ce sont ces deux aspects que les spectateurs doivent saisir. «Cet opéra n’est pas une simple farce, on y trouve de la profondeur aussi! Je veux que le public vive ces deux expériences: qu’il s’amuse, mais qu’il soit aussi ému par cette oeuvre.»

Et la satire politique et sociale dans tout cela? Car il ne faut pas oublier que la pièce de Beaumarchais, censurée à ses débuts, jugée subversive, ne présente pas la noblesse sous un jour très flatteur… Est-ce que cet aspect est toujours pertinent aujourd’hui et facile à transmettre au public?

Pour Guillaume Bernardi, ce n’est pas une priorité. «Cette dimension est difficile à traduire de nos jours car il n’est pas aisé de trouver une équivalence directe. C’est une oeuvre très marquée par son époque. Mais après tout, est-ce vraiment nécessaire de tout transposer dans la modernité? Cet opéra nous permet de nous rappeler une époque révolue, c’est une des beautés de la chose. Et je n’ai pas l’obsession du présent.»

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